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Le Tekpetin, être mythique et peut être souvenir d'un peuple pygmée disparu

(d'aprés J. GIRARD)
Au début de la pacification française, le Capitaine VIARD (R. VIARD : Les Guérés, peuple de la forêt. Étude d'une société primitive) "a constaté que "les Guérés ont conservé dans leurs récits fabuleux le souvenir de " petits hommes roux ", considérés comme une peuplade de génies maléfiques, issue de la forêt ".

Cet être mythique, Tekpetin, se rencontre parfois dans la forêt où il provoque l'homme pour des confrontations dont l'issue n'est jamais fatale. Il s'agit d'une sorte de demi-dieu bouffon dont la grossièreté et les facéties font rire, bien qu'il demeure inquiétant par certains de ses aspects. On ne le rencontre que durant la nuit et seulement en brousse, l'une et 1'autre appartenant au domaine réservé de Zédé.

Rien ne nous semble infirmer que la race ouobé ne soit issue d'un lointain métissage avec les Pygmées. En faveur de cette thèse, militent quelques arguments : les anciens des villages se souviennent encore du temps où les cases étaient faites de branchages recouverts de feuilles de bananiers ou palmiers, habitations typiques des Pygmées.

De nos jours, la case occasionnelle du masque de village est ainsi construite. L'arc et les flèches empoisonnées de petites dimensions sont les armes habituelles des Pygmées et la fosse utilisée comme piège, un de leurs procédés de chasse.

Enfin rappelons que les Kosri se montraient aux Ouobé sous la forme d'hommes de petite taille, très robustes et de couleur rougeâtre. Dans les mythes, leur intervention est toujours bénéfique aux Tingnon qui reçurent d'eux les lois régissant la vie en société, l'arc, les flèches et une culture forestière. Ainsi Kosri d'appartenance céleste et Tekpetin génie terrestre, ont par leur aspect physique, par le fait qu'ils vivent en brousse et par quelques traits culturels, des points communs avec les Pygmées.

Pourvus de la Srihakê (loi des masques), les Tingnon descendirent des montagnes, quittèrent les forêts, émigrèrent dans une autre région où ils s'intégrèrent à une société déjà en place. Ils la firent bénéficier de leurs armes et de leur civilisation. Avec elle, ils formèrent la seconde race connue des Ouobé sous le nom de " Siangnon " : c'est la race actuelle. Le souvenir du peuple récepteur, que normalement certains auteurs font venir de l'Est, n'a point été conservé. Ces premiers occupants sont totalement inconnus des Ouobé d'aujourd'hui et semblent n'avoir formé qu'une masse amorphe et malléable devant une culture supérieure, mieux adaptée à la forêt. Et contrairement à ce qui paraîtrait logique, les Pygmées n'ayant jamais atteint à notre connaissance un niveau supérieur de civilisation, les Ouobé font remonter l'ensemble de leur civilisation, en particulier celle du masque, aux petits hommes ou génies que sont les Kosri.


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