L'araignée et une vieille femme tapidé
" II y avait autrefois sur une montagne une vieille femme Tapidé qui habitait seule dans une grotte. Un jour, la famine éclata dans le pays de l'araignée. Très affamée, celle-ci partit en promenade chercher de la nourriture. A quinze kilomètres de son logis, apercevant une énorme montagne au milieu d'une grande forêt, elle s'y dirigea et rencontra la vieille femme, seule dans sa grotte.
- "Bonjour chère grand-mère, dit-elle.
- "Bonjour cher enfant, répondit la vieille. Que désires-tu cher enfant ?
- "Chère grand-mère, je suis orphelin. Mon père et ma mère sont morts. Je n'ai plus personne pour s'occuper de moi. J'ai faim.
La bonne vieille lui dit alors :
- "Viens avec moi, je te nourrirai. Mais je dois te dire une chose : moi, Tapidé, je dors pendant six mois, et je reste éveillée les six autres mois de l'année.
Lorsque l'araignée arriva, il restait encore six mois à la vieille avant, de dormir. Tapidé vécut pendant ce temps avec la pauvre araignée.
Au dernier mois. elle lui dit :
- "Cher enfant, mon temps de dormir arrive. Va chez toi, je ferme la montagne.
Très gourmande, l'araignée ne voulait plus s'en aller. Elle refusa catégoriquement. Quand il resta deux jours à la vieille, celle-ci avertit encore l'araignée, lui disant, que son sommeil serait long.
Mais l'araignée s'obstina. Le temps arriva et la vieille femme ferma la montagne. Durant deux mois, l'araignée mangea le peu de nourriture qui restait, mais au bout du troisième mois, la faim l'attaqua. Elle essaya de réveiller la vieille, en chantant :
- " Tapidé é é é Tapidé toutaboho tapidé é é é tapidé... ce qui signifie : Réveille-toi grand-mère...
Elle prit la vieille dans ses bras, la secoua, la brûla avec les tisons qui restaient au foyer, mais la femme ne se réveilla pas. L'araignée frappa de ses poings les parois de la grotte, mais la montagne demeura hermétiquement close. Au quatrième mois, l'araignée mourut. A la fin du sixième, la vieille se réveilla et trouva le corps de la mendiante et gourmande araignée tout sec. Elle le prit et le jeta dehors."
Source : Dynamique de la société ouobé, Girard J., IFAN 1967