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L'origine du divorce

Il était une fois un homme et une femme mariés qui vivaient heureux. Lui allait à la chasse et elle cultivait un grand champs de maïs qui s'étendait à l'infini. Malheureusement, un groupe de gorille venait régulièrement piller la récolte. Un jour, il fut sollicité par sa femme pour chasser les gorilles qui endommageaient le champs. Mais il refusa, disant que s'il surveillait un coin, les gorilles allait saccager de l'autre côté.

Un matin, la femme en eut assez et décida de chasser elle-même les gorilles de son champs. Elle emporta au champs le carquois et l'arc de son mari pendant que celui-ci dormait. Arrivée là-bas, elle se mit à l'affût, bien cachée derrière un buisson. Peu de temps après, tout un groupe de singe arriva pour prendre le petit déjeuner. La femme sorti une flèche du carquois et la décrocha sur le plus gros d'entre eux, leur chef, qui s'écroula. Les gorilles s'enfuirent en emportant le corps inanimé de leur chef. De retour au village, la femme alla annoncer à son mari qu'elle s'était occupée elle-même des bêtes qui ravageaient sa récolte. Au lieu de la féliciter, l'homme se mit en colère sous prétexte qu'elle avait perdu sa flèche. Elle fut donc obligé de retourner sur ses pas pour la récupérer. Dans son chagrin elle se mit à chanter :

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Tiandé kwouè oho dé kwouè, tiandé
Ta di tabassoué, tiandé
Bou ayé soun, tiandé
Soun ayé bou, tiandé
Djrou ayé cloui, tiandé
Cloui ayé djrou, tiandé (etc)
(l'auditoire reprend " tiandé " à la fin de chaque phrase du conteur)
Mince alors ! aller chez les gorilles, aller chez les gorilles, mince alors !
La flèche a atteint quelle partie d'abord ? mince alors !
La jambe ou le bras ? mince alors !
Le bras ou la jambe ? mince alors !
La tête ou le ventre ? mince alors !
Le ventre ou la tête ? mince alors !(etc)

Elle marcha pendant deux jours et une nuit en suivant les traces des gorilles avant d'arriver à leur village. Des centaines de gorilles immenses et féroces s'étaient réunis pour pleurer autour du corps de leur chef mort. Et la fameuse flèche était encore plantée dans sa poitrine. Alors, elle se jeta dans la foule et se mit à pleurer tout en chantant (Tiandé kwouè…) et en faisant de grande démonstration de douleur. Un peu surpris, les primates lui demandèrent qui elle était car en ce temps là, les hommes et les animaux se comprenaient. Elle répondit alors qu'elle était venu de très loin dès qu'elle avait appris le décès du grand singe, qui était son parent éloigné mais adoré.

Au bout de plusieurs jours, même les enfants du chef étaient fatigués de pleurer mais elle continuait à hurler et à se rouler par terre dans une mare de pleurs. De sorte que tous les singes se sentaient gênés qu'une parente éloigné soit plus chagrinés qu'eux-mêmes, ses proches. Alors, il lui demandèrent si quelque chose pourrait diminuer sa peine. Elle leurs dit que s'ils pouvaient lui donner la flèche qui était à l'origine du décès, elle rentrerait chez elle avec un souvenir de son parent adoré. Ils lui donnèrent la fameuse flèche avant de la raccompagner aux portes de leur village. Une fois rentrée chez elle, elle donna la flèche à son mari et décida de le quitter. Ainsi, par eux, arriva le premier divorce.


L'Araignée et la famine

C'était pendant une période de grande famine dans la forêt. Les animaux ne trouvaient plus de nourriture. L'araignée, qui n'avait pas mangé depuis des jours se mit à marcher droit devant elle à travers la forêt pour chercher quelque chose à se mettre sous la dent. Soudain, comme un mirage, lui apparut un champs de bananes mûres à point, prêtes à être mangé et, de plus, dissimulé des regards étrangers. Devant ce festin inattendu, l'araignée cria de joie : des bananes mûres !

A la suite de cela, l'araignée tomba raide étendue par terre. Au bout de quelques instants, une goutte de rosée vint chatouiller le nez de l'araignée qui se réveilla. Alors, le bananier lui dit ceci : ne crie jamais mon nom quand tu me vois. Je te laisse la vie sauve pour cette fois. Sers toi et mange mais surtout n'oublie pas ce que je t'ai dis. L'araignée après avoir mangé tout ce qu'elle pouvait, se mit à élaborer un plan.

Au bout de quelque temps, l'embonpoint de l'araignée commença à faire des envieux, parmi les autres animaux. Un par un, ils venaient la voir pour connaître son secret. Elle promit d'abord de le révéler au lézard parce qu'il n'était pas très malin et qu'il n'avait pas la force de se venger s'il s'apercevait d'une tromperie. Ils partirent donc ensembles et après de nombreux détours, l'araignée l'amena à l'endroit où poussaient les fruits. Le lézard, surpris, s'écria " des bananes mûres ! ! !" et tomba raide mort. Comme elle l'avait prévue, l'araignée avait maintenant de la viande pour accompagner ses bananes.

Chacun à son tour l'accompagnait à la recherche de nourriture. Prenant confiance dans sa ruse, elle se mit à manger des animaux de plus en plus gros et puissants mais peu malins comme l'hyène ou l'éléphant. Au fur et à mesure que la forêt se vidait, l'araignée grossissait. Il vint un jour ou elle n'eut même plus peur de s'attaquer à des bêtes plus futées. Elle accompagna le lièvre affamé jusqu'à la bananeraie. Mais arrivé là-bas, le rongeur fit celui qui n'avait rien vu.
" - Tu n'as encore rien trouvé ? , lui demanda l'araignée avec un large sourire
- Ben, non, et toi ? répondit le lièvre,
- Ici, on peut trouver des choses, il suffit de bien regarder, répondit l'araignée. "
Au bout d'une heure de recherche, le lièvre n'avait rien trouvé:
- Je ne vois pas l'ombre d'une carotte dans le coin, on devrait rentrer chez nous !
- On est pas en Europe, idiot, qu'est-ce qu'on trouve de bon ici...qui pousse dans les arbres ?
- Je sais pas moi, des oranges ?
- En plus, c'est bien devant toi, là, tout jaune et mûr à souhait, tu vois pas là, dit l'araignée excédée en montrant un énorme bananier couvert de fruits
- Quoi ! Des papayes ! Ici ! Montre-moi vite !
- Ça c'est quoi ? Imbécile ! une banane bien mûre ...Arghh ! Dit l'araignée en mourant.
Sur ce, le lièvre pris l'araignée et les bananes pour son dîner.
Moralité : Il y a toujours une limite en tout. Celui qui se croit rusé, comme l'araignée, trouvera toujours quelqu'un pour le surpasser.

Le roi qui voulait marier sa fille

Dans un village, vivait un roi qui avait une fille très belle. Pour pouvoir la marier avec quelqu'un de son choix, il décida de l'enfermer dans une case sans porte. Ainsi, il était sûr qu'elle ne tomberait pas amoureuse de n'importe qui. Les servantes lui donnaient ses repas par une minuscule ouverture par laquelle aucun homme n'aurait pu passer.

Ce printemps là, les prétendants arrivaient de toutes les contrées pour essayer d'obtenir la main de la merveilleuse princesse. Le roi n'en trouvait aucun à son goût. L'un était trop pauvre, bien que fils de roi : " va-t-en, pantalon troué ! " l'autre trop vilain : " Il est laid, on dirait grain de riz ", le suivant trop rustre " regarde moi ce gawou ! ", et ainsi de suite. Une année passa et le roi n'avait toujours pas trouvé son gendre.

Un matin, les servantes qui apportaient à manger à la princesse entendirent des pleurs de nouveau-né venant de la case. Affolées, elles accoururent chez le roi pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. Le roi les menaça de leur couper la tête pour avoir osé porter atteinte à la dignité de la famille royale mais il dut se rendre à l'évidence : tout le palais avait entendu les cris de son petit-fils et ne parlait que de ça. Il envoya donc les gardes casser le mur de la case et ramener sa fille pour lui faire avouer le nom de l'infâme séducteur qui l'avait enceinté. La fille lui répondit qu'elle ne connaissait ni son nom ni son visage car elle le recevait dans l'obscurité de sa case sans porte ni fenêtre.

Le roi décida de convoquer une grande assemblée dans le but de confondre celui qui a fait un enfant à sa fille bien aimée et de le tuer. Au jour du neuvième mois de son petit-fils, chacun vient chanter devant l'enfant les paroles suivantes pour que celui-ci désigne son père en marchant vers lui : Téléchargement de la chanson au format MP3(169 Ko)

Nan djou oh,
toï to toï,
Nan djou oh,
toï to toï,
Bo ni ma djou èh,
Mè nan yeh dji oh,
toï to toï,
toto toï,
toï to toï,
Enfant qui commence à marcher oh,
A pas mal assuré,
Enfant qui commence à marcher oh,
A pas mal assuré,
Si tu es mon fils,
Marches et viens vers moi,
A pas mal assuré, (ter)

Tous les hommes de la tribu passent sans que l'enfant ne se manifeste. On fait donc venir ceux des tribus voisines, mais aucun n'est le père. Finalement, le roi se résigne à soumettre les animaux de la forêt à l'épreuve. Dans son orgueil de roi, il fait passer en premier les animaux les plus forts mais le chant du lion, de l'éléphant ou du léopard ne font qu'effrayer l'enfant.

Arrivé à l'écureuil, l'assemblée rigolait parce qu'il n'avait pas l'air d'être capable de séduire et d'enceinter la belle princesse. Malgré les quolibets de la foule, l'écureuil entonne la chanson et aussitôt, le " Nan djou ", qui écoutait avec attention, se lève et va " toï to toï " vers son père. Un long silence se fit dans la foule stupéfaite. Avant, que les gardes du roi n'aient réalisé ce qu'il se passait, l'écureuil prend son fils et disparaît dans les arbres. En fuyant, le bracelet de l'enfant tombe dans un champ d'arachide.

C'est pourquoi, quand on croise un écureuil entrain de fouiller dans un champ d'arachide, il montre son bras pour dire qu'il cherche le bracelet de son fils avant de se réfugier dans les arbres. D'autres que les Wobé diraient que l'animal fait un bras d'honneur au propriétaire du champ dont il a mangé les graines…

Rachel LAURENT-TAHOU et Georgette TAHOU

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