Des combattants libériens anglophones signalés dans l`ouest ivoirien   (AFP)
Des jeunes Libériens armés ont été signalés dimanche parmi les rebelles qui ont pris les villes de Danané et Man, dans l`extrême ouest de la Côte d`Ivoire, par plusieurs étrangers établis dans la région rapatriés samedi soir à Abidjan par l`armée française.
De nombreux témoignages recueillis par l`AFP font état de pillages commis par ces hommes armés de kalachnikovs, parfois des adolescents, dont on ignore encore avec précision s`ils combattent aux côtés des rebelles de nouveaux mouvements de l`ouest ivoirien, s`ils ont franchi la frontière pour profiter du chaos amabiant ou s`il s`agit de réfugiés libériens qui se sont procurés des armes.

"Une bande de douze ou quinze d`entre eux est arrivée chez nous vendredi, ils étaient âgés de quinze à vingt ans, pas plus", raconte Robert Rebeiz, restaurateur français d`origine libanaise à Man, où il est né voici 23 ans.

Très menaçants, "ils ne parlaient qu`anglais" et se sont fait remettre argent liquide, véhicules et téléphones portables après avoir mis en joue un occupant de la maison, indique Robert, qui cite de nombreux cas similaires parmi ses amis rapatriés.

Pour le jeune homme, qui connaît parfaitement la région, il ne fait aucun doute que ces pillards étaient des Yacoubas, l`ethnie majoritaire de la région qu`on retrouve de l`autre côté de la frontière, au Liberia.

Selon M. Rebeiz, ses agresseurs ne faisaient pas partie du groupe de rebelles qui ont pris Man, "plus civilisés", qui selon lui étaient Ivoiriens et parlaient français. Les anglophones sont arrivés le lendemain, vraisemblablement en provenance de Danané, à 80 km plus à l`ouest, a-t-il dit.

Deux de ces pillards anglophones ont d`ailleurs été exécutés publiquement par les rebelles contrôlant Man, en guise d`avertissement aux voleurs, ont indiqué de nombreux témoins à l`AFP.

Olivier Cachoux, un autre Français rapatrié lui aussi à Abidjan, est formel: à Danané, des hommes armés parlant uniquement anglais sont dans les rangs des rebelles. Il raconte d`ailleurs avoir négocié lui-même son rapatriement avec certains d`entre eux.

Selon M. Cachoux, ses autres interlocuteurs étaient des représentants du Mouvement patriotique de Côte d`Ivoire (MPCI), le mouvement rebelle qui contrôle le nord du pays depuis le début de l`insurrection et qui sont arrivés à Danané samedi matin.

Les hommes du MPCI semblaient tenter d`instaurer la discipline dans les rangs des rebelles de Danané, mais certaines tensions étaient manifestes entre les deux groupes, a-t-il affirmé.

Interrogé par l`AFP à ce sujet, l`adjudant Tuo Fozié, un des responsables du MPCI, a démenti tout lien et toute présence de ses hommes dans l`ouest.

Le porte-parole de l`état-major des armées françaises, le colonel Christian Baptiste, fait également la distinction entre les mutins nordistes et les rebelles de l`ouest. "Il s`agit du monde yacouba en rébellion, avec en toile de fond l`assassinat du général (Robert) Gueï", ancien chef de la junte (1999-2000) d`ethnie yacouba et originaire de la région de Man, tué à Abidjan aux premières heures du soulèvement militaire du 19 septembre.

"Pour nous c`est clairement un soulèvement régional interne à la Côte d`Ivoire. Nous n`avons pas vu ou rencontré d`éléments libériens", a assuré le colonel Baptiste, interrogé par l`AFP à Paris.

La prise des villes de Man et Danané a été revendiquée par le Mouvement populaire ivoirien du Grand Ouest (MPIGO) et le Mouvement pour la paix et la justice (MJP), deux nouveaux groupes inconnus jusqu`alors qui affirment vouloir venger la mort du général Gueï.

Le ministre libérien des Affaires étrangères, M. Monie Captan, a déclaré samedi soir à Ouagadougou craindre "une escalade" sur la frontière commune aux deux pays avec la crise que traverse la Côte d`Ivoire.

Vols, viols et pillages dans l'ouest ivoirien (Notre Voie)
Vols, viols, pillages et exactions sont, selon des témoignages de réfugiés ivoiriens en Guinée, devenus le lot des populations de l'ouest ivoirien, occupé en partie par des mouvements rebelles.
La Côte d'Ivoire est secouée depuis le 19 septembre dernier par une rébellion politico-militaire qui a lancé sur les routes de l'exil des dizaines de milliers de personnes.
Plus de 3.000 réfugiés ivoiriens étaient hébergés dans le camp de transit de Nonah, près de Yomou, dans l'extrême sud est de la Guinée, selon des responsables du Haut Commissairiat aux réfugiés
Le principal point d'entrée de ces réfugiés reste la localité de N'zo, près de Lola, premier poste frontalier entre les deux pays où des réfugiés, arrivés récemment, ont confié à des journalistes que des exactions graves ont été commises sur des civils.
Selon les réfugiés, les auteurs de ces exactions s'expriment "uniquement en anglais", laissant supposer qu'il s'agirait de mercenaires libériens combattant dans les rangs du Mouvement populaire ivoirien du grand ouest (MPIGO), un des mouvements rebelles apparus dans cette partie de la Côte d'Ivoire.
"Ils pillent, saccagent, et brutalisent les civils", témoignent les réfugiés venus en majorité de localités proches de Danané et de Man, frontalières du Liberia.
"Non seulement ils pillent les maisons des villageois en emportant tout objet de valeur mais ils sèment aussi la terreur au sein de la population, réduite au silence absolu", explique Marguerite Sia…
"Mon plus grand regret, c'est que mes frères ivoiriens du MPIGO ne contrôlent pas la situation, sinon ils n'allaient pas laisser les étrangers piller, tuer et même violer leurs frères et soeurs ivoiriens", affirme Marguerite.
Elle rappelle que les Libériens avaient "pourtant été accueillis en Côte d'Ivoire pendant que la guerre faisait rage chez eux".
"Peut-être qu'ils veulent nous rendre la monnaie, parce qu'en son temps, on disait que la guerre du Liberia était une fabrication ivoirienne".
Mohamed ould Lémine, ressortissant mauritanien, souligne quant à lui que les rebelles ivoiriens ne "s'attaquent jamais aux civils", sauf si ceux-ci manifestent une hostilité à leur égard.
Il indique que ce sont les "rebelles libériens infiltrés dans leurs rangs qui profitent de la situation pour s'enrichir", ajoutant que sa boutique a été "visitée à plusieurs reprises par ces hommes armés, sans foi, ni loi".
La Haut commissaire adjointe des nations-unies (HCR) pour les réfugiés Mme Mary Ann Wyrsch, qui a visité vendredi et samedi les camps de réfugiés en Guinée forestière, a confirmé à l'AFP la présence des combattants anglophones au sein du MPIGO, citant un rapport d'envoyés spéciaux du HCR dans la région. Selon Mme Wyrsch, le HCR a été informée d'"allégations", selon lesquelles des actes "inhumains et dégradants" sont souvent commis par des hommes armés sur les populations civiles.

Les guerriers wê aident les Fanci à libérer Bloléquin 12 déc (AIP)- Les autorités municipales de Bloléquin, aidés des chefs de terre et des guerriers wê ont décidé de soutenir les forces armées nationales en vue de déloger les rebelles de leur région, a constaté l'AIP.

Pour empêcher l'avancée des rebelles, certaines localités telles que Doké, Goya,Yoya et Ifa ont été investies par les guerriers wê, à qui le troisième adjoint au maire, Thess Jean a remis une logistique de guerre afin de sécuriser les populations.

Des féticheuses traditionnelles se sont jointes également aux guerriers. Elles ont décidé de "préparer" mystiquement les soldats loyalistes avant leur offensive sur les fronts de Toulepleu et de Danané.

Pour ce faire, tous les voyages de Guiglo à Toupleu ont été interdits, car pense-t-on du côté des autorités municipales et des Fanci, que les voyageurs ou les transporteurs seraient de potentiels informateurs des rebelles en indiquant les positions des soldats loyalistes.

Barbarie en zones occupées : Les rebelles exécutent 29 civils à Bangolo (Notre Voie)
Dans le silence le plus total, les rebelles ivoiriens se livrent à des atrocités dans les zones qu’ils occupent. A Bangolo, dans l’Ouest, ce sont au moins 29 civils qui ont été passés par les armes.

Le temps joue en ce moment contre le Comité départemental de gestion de crise de Bangolo. Tant les nouvelles qui en proviennent ne sont pas bonnes. Les rebelles du MPIGO et du MJP, maître des lieux depuis le vendredi 20 décembre 2002, sèment la terreur, la désolation et la panique dans le département. Le bilan partiel de ces 31 jours de siège est lourd. Selon la cellule de presse et de la communication du Comité départemental de gestion de crise dirigé par Valentin Tiéklé, 29 personnes ont été passées à l’arme par les rebelles et 14 blessés dont certains gravement atteints peuvent succomber à tout moment à leurs blessures. (Voir liste). Les populations fuyant les exactions trouvent refuge dans la forêt où elles s’exposent à la maladie et à la famine. Ce n’est pas tout. A Bangolo, ville vidée de tous ses habitants et abandonnée aux assaillants et aux ressortissants malinké comme dans les villages, les pillages sont systématiques. Ainsi la résidence du préfet devenue le quartier général des rebelles, la mairie, la sous-préfecture et le trésor public ont été saccagés. Sans oublier les hôtels de la ville qui ont été vidés de tout leur soutenu. Les lieux sacrés n’ont pas été épargnés par les assaillants qui les ont profanés.
Le bilan partiel, parce que ne concernant que la sous-préfecture centrale et la période du 20 au 22 décembre 2002, explique l’empressement du Comité de crise. Ce groupe de cadres et d’élus dirigé par Emile Blesson Goué, président du conseil général de Bangolo, s’active à parer au plus pressé. D’abord en commençant par rétablir la vérité. “Le département de Bangolo est bel et bien sous le contrôle des assaillants sans interruption depuis le 20 décembre 2002 contrairement à ce que font croire les communiqués de presse des FANCI et certains journaux”, mentionne la correspondance du Comité à l’endroit des autorités compétentes. Après un état des lieux bien détaillé, le Comité a émis des doléances allant de la sécurisation des populations à la création de couloirs humanitaires.

Des centaines de civils fuient vers Duékoué, gardée par les soldats français 24 déc (AFP) Sur la piste poussiéreuse, face au check-point français à l'entrée nord-est de Duékoué (ouest), plusieurs centaines de civils arrivent en file indienne, fuyant les villages de la région dans laquelle progressent les rebelles de l'ouest ivoirien.

Hommes, femmes, enfants, vieillards, chargés de leur maigres biens, marchent depuis des heures sous le soleil. Peu ont vu les rebelles. La plupart n'ont entendu que les bruits plus ou moins lointains de combats entre rebelles de l'ouest ivoirien et FANCI (forces armées nationales de Côte d'Ivoire), dont les positions sont situées plusieurs kilomètres au nord du barrage français.

Selon les militaires français du 1er RHP (régiment de hussards parachutistes) qui surveillent cet axe situé menant à Duékoué (220 km à l'ouest de Yamoussoukro, la capitale administrative ivoirienne), ils étaient 1.500 lundi. Et plus d'un millier ont franchi leur position depuis mardi matin.

Difficile de savoir où sont réellement les rebelles. La plupart des civils ont fui avant qu'ils n'arrivent, et les "campements", petits villages de brousse où vivent des familles d'agriculteurs, ne sont pas recensés sur les cartes.

Samedi, des rebelles du Mouvement populaire ivoirien du grand ouestont essuyé ici-même les tirs du 1er RHP, vers les positions desquels ils progressaient.

Trois coups de canons au but, comme en témoignent, à 500 mètres environ du char Sagaie français qui a tiré, la carcasse d'une Mercedes, à l'avant explosé, et celles de deux pick-ups, un kilomètre plus loin. Les survivants se sont retirés une quarantaine de kilomètres plus au nord, selon les soldats français.

Nombre de ceux qui marchent, une valise ou simple baluchon sur la tête, ont quitté leur village depuis la veille au soir, poussés à la fuite par le son des coups de feu ou les détonations d'armes lourdes.

Certains, comme ces habitants de Toazéo (une dizaine de km au nord de Duékoué), ont été convaincus par des témoignages d'habitants de campements situés plus au nord, comme Diglo 2, faisant état de combats se rapprochant.

Diglo 2 est quasiment vidé de ses habitants, témoigne Ferdinand, 22 ans, qui porte son petit frère pour tout bagage. "On entendait des tirs à quelques kilomètres. On a eu peur, tout le monde a fui", raconte-t-il.

Certains, partis plus tard, racontent qu'un petit groupe de trois rebelles blessés y a fait depuis son apparition. Les militaires français récoltent les renseignements, parfois contradictoires, à leur passage.

L'un d'entre eux s'affaire, torse nu et pelle en main, à combler un fossé pour faciliter le passage des fuyards, qui doivent l'enjamber pour contourner le check-point.

Des hommes armés "sont en train de tout piller" dans les campements voisins de Flampleu, témoigne Marius, qui a chargé quelques sacs et attaché un poulet sur une mobylette fatiguée.

"A Sibabli (30 km au nord-est de Duékoué), ils ont tout pillé", affirme, sous le couvert de l'anonymat, un habitant, qui sort d'un sac deux plaques d'immatriculation. Celles, assure-t-il, de la Mercedes détruite, dérobée à un membre de sa famille.

Il sort ensuite de sa poche une liste des exactions commises selon lui dans les différents villages alentours, qu'il a minutieusement recensées, et commence, pour les soldats français, son énumération: "Tant de civils ont été tués à tel endroit, tant ont été abattus à tel autre, ils ont volé tant de voitures ici, ils ont pillé tant de magasins là...

Déplacement massif à l'ouest, 27 Décembre 2002, www.allafrica.com
Duékoué, une ville de l'ouest de la Côte d'Ivoire, est devenue une destination majeure pour des milliers de personnes fuyant les affrontements entre l'armée nationale ivoirienne et les mouvements rebelles.

Des sources humanitaires ont indiqué à IRIN qu'au mercredi, 24 000 déplacés de divers endroits dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, se sont réfugiés à Duékoué (une des principales villes du département de Daloa) et dans ses environs. Des combats ont eu lieu dans cette région la semaine passée entre les soldats français déployés pour surveiller le cessez-le-feu, en vigueur depuis deux mois, et les nouveaux mouvements armés.

Les sources ont ajouté que 700 personnes environ s'étaient réfugiées à la Mission catholique de la ville, où vivent depuis plusieurs semaines déjà quelque 2 000 ressortissants du Burkina Faso. Les occupants de la Mission incluent à présent 1 400 femmes et enfants. Elle a reçu un soutien financier et des denrées alimentaires destinés aux déplacés, mais les sources ont noté qu'il faudrait bien plus d'aide car beaucoup d'autres personnes s'y sont réfugiées.

Les sources ont souligné que la situation, déjà bien difficile à Duékoué, avait empiré à cause des coupures d'électricité. La Mission catholique, qui dispose de générateurs, est l'unique source d'électricité dans la ville. Des soldats français sont postés à l'intérieur et autour de la ville. Un calme relatif a régné pendant la journée, mais des sources ont rapporté que la nuit, selon des habitants, des "hommes en treillis" pillaient les habitations et commettaient des actes répréhensibles.

Les sources ont également exprimé leur inquiétude pour le sort des habitants de Man, la plus grande ville de l'ouest de la Côte d'ivoire, qui a été le théâtre de lourds combats entre les loyalistes et les deux nouveaux groupes rebelles, le Mouvement pour la Justice et la Paix (MJP) et le Mouvement Populaire Ivoirien du Grand Ouest (MPIGO).

Les deux groupes ont fait leur apparition à la fin novembre. Ils opèrent dans l'ouest du pays, tandis que le Mouvement Populaire de la Côte d'Ivoire (MPCI), créé à la fin du mois de septembre, est basé dans le nord. Le MPCI a signé un accord de cessation des hostilités, négocié par des médiateurs ouest-africains le 17 octobre dernier, mais les autres groupes n'y sont par parties.

Les trois groupes rebelles se sont rencontrés lundi pour discuter de la formation d'une alliance militaire entre eux, mais ont décidé de ne pas en créer pour le moment. Ils ont averti néanmoins qu'ils lanceront une offensive généralisée si les troupes françaises attaquaient à nouveau une de leurs positions. Les rebelles ont accusé l'armée française de partialité car, en leur tirant dessus, elle les a empêchés de riposter contre les forces loyalistes. Les responsables français ont déclaré qu'ils avaient tiré en légitime défense.

D'un autre côté, l'ONG internationale World Vision a fait don au Comité de secours international d'un lot de médicaments d'une valeur équivalent à 3 000 dollars, pour lui permettre d'aider les milliers d'habitants qui fuient l'insécurité dans l'ouest de la Côte d'ivoire, notamment des rapatriés libériens (anciennement réfugiés en Côte d'Ivoire) et des réfugiés ivoiriens.

Côte d'Ivoire : Reunion des ressortissants du grand ouest à Paris LE BILAN SUR LE SORT DES POPULATIONS DE LA REGION DU GRAND OUEST mardi 7 janvier 2003, par Philippe kouhon (www.legrandsoir.info)

Le samedi 04 Janvier 2003 à 14 heures, sur convocation des doyens de la communauté WÊ , a eu lieu une rencontre de crise à l'AGECA (177,rue de Charonne paris 11è).

Cette Assemblée avait pour thème : LE BILAN SUR LE SORT DES POPULATIONS DE LA REGION DU GRAND OUEST.

Prenant la parole , M.KESSE LAURENT, l'un des initiateurs de la réunion avec Mme KEMOAGNAN SUZANNE,a remercié tous les participants pour leur disponibilité. « Le but de la rencontre est de jeter un regard sur la situation calamiteuse que connaît actuellement la Côte d'Ivoire mais surtout la région du grand ouest » a-t-il ajouté.

Pour Mme KEMOAGNAN , la crise en Côte d'Ivoire qui dure déjà quatre mois a du mal à trouver une issue favorable.

«  Malgré le cessez-le-feu du 17 Octobre 2002, malgré les récents appels des autorités pour une nouvelle trêve des combats, malgré la présence dissuasive de l'armée Française entre les belligérants, la région du Grand Ouest est et continue d'être le théâtre de violents combats, depuis l'apparition d'une faction de rebelles dite du Grand Ouest curieusement  » a-t-elle regretté.

A ces propos, l'Assemblée s'est exprimée : « En tant que filles et fils de cette région, il est de notre devoir de soutenir nos pauvres parents qui en plus des deuils qui leur sont imposés, n'arrivent plus à survivre. Ils sont aujourd'hui contraint de fuir les villages pour des directions incertaines. S'ils parviennent à se tailler un repas par jour, le simple sel fait défaut. Nous ne pouvons pas rester insensibles à cette situation ».

M. KESSE, lui s'est surtout inquiété des parents malades ou trop vieux pour se déplacer. Et de nouveau à Mme KEMOAGNAN de regretter les difficultés à joindre téléphoniquement Man et Facobly. Et l'Assemblée comme d'une seule voix de demander : mais que faire ?

Répondant à cette inquiétude , M. KESSE,le maître de la cérémonie a suggéré la mise sur pied d'un comité de crise regroupant toutes les filles et tous les fils de la région des dix-huit montagnes en particulier ( Facobly et Sémian). Il proposera également la constitution d'un comité de pilotage qui aura pour mission de coordonner et conduire toutes les actions du comité de crise. Mais toutefois, ce dernier devra tenir compte des réalités locales (groupement de villages ou canton) et élargi aux volontaires. Ainsi se sont désignés :

-Mme KOSSA AGNES pour le groupe ZO -Mme KOWO DESIRE pour le groupe SAO -Mme GUEI BLANCHE pour le village SOUMAYE -Mme KEMOAGNAN SUZANNE, Volontaire -MR NONSON ETIENNE, pour le groupe PLEHOU -MR KEAGNINHON SIETI, Volontaire

C'est ce collectif qui géra la suite de la réunion. Interrogé tour à tour, chaque participant a fait une proposition pour les actions à mener. Le comité de pilotage a enregistré ce qui suit :

... Contacter la Croix-Rouge et autres ONG représentés en Côte d'Ivoire pour non seulement en savoir plus sur les disparitions et massacres dans les villages mais aussi solliciter une Aide humanitaire ou encore servir de relais pour d'éventuels transferts de Vivres et Médicaments .

…..Prendre contact avec l'ambassade de Côte d'Ivoire en France pour plus d'Info concernant la région.

...Collecter des Vivres et autres premières nécessités à partir des grandes surfaces.

…Solliciter des subventions

…Prendre contact avec le comité de crise du Grand Ouest à ABIDJAN

 Prévoir une déclaration commune

…Elargir le comité de pilotage (représentation par village)

…Cotisation

…Mobilisation de tous les villages du Grand Ouest représentés en France.

A la fin des propositions, il est revenu à M. NONSON ETIENNE membre du comité de pilotage de donner le mot de la fin : «  le comité vous promet d'user de tous ses moyens pour réunir le max d'informations d'ici peu pouvant satisfaire toutes ces préoccupations. Faites nous confiance, nous sommes tous motivés. Aussi, j'invite tout le monde à prendre conscience de la condition de vie de nos parents qui ont eu le tort de résider dans cette partie de la Côte d'Ivoire. Ils ont plus que jamais besoin de notre soutien. ».

Après trois échecs face aux soldats français à Duékoué : Les rebelles du MPIGO exécutent 25 villageois (Notre Voie) Le MPIGO vient enfin de décider d’être présent à la table de discussion à Paris, le 15 janvier 2003. Il se rendra dans la capitale française avec dans son dos, une série de meurtres.
En effet, abandonnant son QG dans le village de Fengolo, après trois échecs dans sa tentative de prise de la ville de Duékoué, face aux soldats français, les vengeurs du général Robert Guéi ont exécuté 25 villageois dont 17 à Fengolo et 8 autres à Baoubly, le vendredi 10 janvier 2003. Ces rebelles qui ont sincèrement perdu la raison, ont désormais opté pour des visites vers les sites à fortes productions agricoles où ils prennent de fortes sommes d’argent aux habitants. Avant de quitter Fengolo pour se rendre à la CIB, dans la sous-préfecture de Bloléquin, en passant par Kahin, Tomepleu et Guezahi, les rebelles du MPIGO ont exécuté 25 villageois, qui selon deux témoins qui ont réussi à fuir, ont observé pendant longtemps les actes criminels et actes de viol en plus d’autres méfaits par lesquels ils se sont illustrés. Voilà la liste des personnes exécutées à Fengolo:
1- Sélé Robert
2- Téon Perrot
3-Tahe Alphonse
4- Taha “paquebot”
5-Kpandre Mireille
6- Kpandré Hilaire
7- Kpandré Judith
8-Demouhi Denis
9-Monnehe Thierry
10- Lao Gilbert
11- Gneheble Prosper
12-Koné Josephine
13-Semasso Daniel
14-Konan Yao
15- Mme Sehi
16- Zoé Tehe Jean
17-Zoé Paul

15/01/03 Malgré les accords de cessez-le-feu signés à Lomé : Le MJP poursuit les exactions sur des civils à Duékoué (Notre Voie)
Les responsables des mouvements rebelles n’ont aucune maîtrise de leurs hommes sur le terrain. A Duékoué, précisément dans les localités de Bagohouo, Nidrou, Yorozon et Blody, le Mouvement pour la justice et la paix (MJP) continue la poursuite des tueries et actes terroristes sur des populations civiles. Les derniers actes ont eu lieu dans la matinée du mardi 14 janvier 2003, le lendemain de la signature des accords de cessez-le-feu par ce mouvement rebelle à Lomé. Selon Glazon Penan, un adulte de 54 ans victime d’une blessure par arme de guerre, et Djélé Jonas, né en 1970, tous natifs de Bagohouo, ces rebelles du MJP affirment être venus venger les Burkinabè dans le conflit qui les oppose aux autochtones guéré à Yorozon, Bagohou et Bahé Sébon.
Toujours selon Guélé Jonas, deux Burkinabè nommés Seydou et Alidou qui ont rejoint les rangs des rebelles, les ont conduits dans leur expédition dans ces villages où les premières mises à mort sont les jeunes des comités d’auto-défense.
Les rebelles du MJP se sont aussi attaqués à des campements baoulé tels Bohoussoukro et Jérômekro où ils ont rançonné les Baoulé sans commettre sur eux d’autres actes criminels.
Pour l’heure, les déplacés arrivent par vagues à Duékoué et les services de la Cellule Solidarité et Action humanitaire sont à pied d’œuvre pour les accueillir.

Le Général Seton, 19 ans, commandant des enfants soldats révèle : «J'ai été recruté pour manger le coeur de Gbagbo» -- De notre envoyé spécial Patrick Saint-Paul (Le Figaro du 21 janvier 03) -- Les clients du petit maquis se murent dans le silence. Quatre adolescents viennent de faire leur entrée, bandanas noués sur le front, les yeux cachés derrière des lunettes de soleil. Le barman devance les ordres et pousse le volume de la musique reggae avant de décapsuler les bières. Les garçons, qui ont adopté l'apparence des gangs de Los Angeles, dansent, kalachnikov à la main, frôlant la transe. Les clients osent à peine lever un regard sur eux. Les enfants soldats sont rois à Man, la capitale de l'ouest de la Côte d'Ivoire, tombée aux mains des rebelles du MJP (Mouvement pour la justice et la paix) et du Mpigo (Mouvement populaire ivoirien du Grand Ouest) fin décembre avec l'aide de combattants anglophones. Ils viennent du Liberia et de Sierra Leone. A leur actif : des années dans le bush à faire le coup de feu, ballottés d'une rébellion à l'autre. Des enfants âgés de 12 ans foncent à travers les rues défoncées de la ville au volant de Mercedes dont ils ont arraché les portières, pour mieux exhiber leur armement. Coiffés de perruques, les «rebelles anglophones», comme les ont surnommés les habitants de Man, patrouillent en ville sur des pick-up armés de mitrailleuses lourdes. L'aîné des quatre petits combattants, le «général» Seton, est âgé de 19 ans, dont sept passées les armes à la main. Seton ne parle que le pidgin, l'anglais mâtiné de créole, devenu la langue officielle du bush. Il vient du Liberia et affirme que son père est Libyen. Seton est sans nouvelles de ses parents depuis qu'il a été enrôlé de force par les rebelles de Charles Taylor, le chef de tous les «freedom fighters» d'Afrique de l'Ouest dont il est fier d'avoir serré la main. Pourquoi se bat-il en Côte d'Ivoire ? «On nous a dit que Gbagbo est un pourri, répond Seton. Dès qu'on lui aura bouffé le coeur pour rétablir la liberté à Abidjan, je rentre chez moi. Je veux apprendre à lire et à écrire, pour faire un boulot pénard comme vous les Blancs. Je viendrai en France avec toi.» Se droguer, tuer, piller C'est le rêve un peu naïf et inaccessible de tous les combattants de Sierra Leone et du Liberia, qui ont connu pour seul mode de vie la loi de la jungle : se droguer, tuer, piller pour survivre. Dans le bush, ils ont tout : le pouvoir d'ôter la vie, des vêtements, de l'argent et des femmes au bout de leur fusil. Sans leurs kalachnikovs, ils ne sont plus rien. Ils tirent leurs «jungle names», leurs noms de guerre, du cinéma hollywoodien. Le «colonel» Trained to Kill (entraîné pour tuer) n'a que 15 ans. Après huit ans passés dans le bush, où il a été enrôlé de force dans les SBU (Small Boys Unit, les unités d'enfants soldats), il n'a gardé que de vagues souvenirs de sa vie antérieure. Il vient de Sierra Leone, quelque part à la frontière avec la Guinée. Il ne sait plus très bien où. Son père est mort lorsque le RUF, le Front Révolutionnaire Uni de Sierra Léone, a attaqué son village avant de «l'adopter». Sa mère ? On lui a dit qu'elle était réfugiée en Guinée. Se souvient-il encore de son visage ? «Non, seulement sa voix, répond Trained to Kill. Elle me chantait toujours des chansons. J'ai même oublié son prénom.» Paie-toi sur la guerre Que pense-t-il de la Côte d'Ivoire ? «C'est super ici, s'enthousiasme Trained to Kill. C'est un pays riche.» Comment est-il payé ? «Operation pay yourself» (paie-toi sur la guerre), répond sobrement le combattant. Lorsqu'ils prennent une ville, les combattants ont le droit de piller. Plus de dix ans de guerre civile, ont laissé le Liberia et la Sierra Leone à genoux. «C'est comme si on lâchait des enfants dans un magasin de jouets, commente un commerçant de Man. Ils ont le droit de tout prendre. Et personne ne dit rien parce qu'ils sont les plus forts.» Le «colonel» Trained to Kill affirme que le «Big Man» en Côte d'Ivoire, son grand chef, s'appelle Sam Bockarie. Plus connu dans la jungle sous le nom de général Mosquito, il est l'ancien chef militaire du RUF. Et l'un des concepteurs de la stratégie de la terreur en Sierra Leone, où les rebelles offraient aux villageois le choix entre manches longues ou manches courtes (l'amputation au niveau du poignet ou au coude), pour faire régner la peur. En 1999, lorsque le chef du RUF, Foday Sankoh, est libéré de prison, Mosquito se réfugie au Liberia où son ami Charles Taylor lui offre l'asile. Mosquito a été vu récemment à Danané, la ville de l'extrême ouest ivoirien située à la frontière avec le Liberia, et à Man. Sam Bockarie signalé De leur côté, les forces loyalistes auraient également recruté des combattants libériens, issus des rangs du Lurd, les rebelles anti-Charles Taylor. Selon un diplomate en poste à Abidjan, les combats dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, dans la région de Toulepleu et Blolékin, opposent régulièrement des groupes de soldats libériens entre eux. Malgré l'évidence, à Man, les commandants du MJP nient la présence des combattants libériens et sierra-léonais. Reconnaître la présence de Mosquito reviendrait à admettre implicitement que Charles Taylor, l'ancien «freedom fighter» formé en Libye, soutient les rebelles ivoiriens. «Beaucoup de Yacoubas de Côte d'Ivoire (NDLR : l'ethnie dominante des deux côtés de la frontière avec le Liberia dans le nord-ouest de la Côte d'Ivoire) ont combattu au Liberia avant de revenir ici», se défend le lieutenant Bonfils Agnero, un responsable du MJP. Un autre commandant du MJP, le lieutenant Samuel Tounkara, reconnaît la présence de Libériens aux côtés des rebelles ivoiriens. «Gbagbo a fait appel à des mercenaires sud-africains et angolais, se justifie-t-il. Si à notre tour nous avons besoin d'aide, tout le monde est le bienvenu. Le problème c'est qu'il nous est impossible de contrôler totalement ces Libériens.» La plupart des habitants de Man, acceptant de témoigner, affirment que la situation était encore plus dramatique en ville sous la coupe des forces loyalistes. «Le couvre-feu était à 16 heures, raconte un habitant originaire du nord du pays. Les soldats raflaient les étrangers et les jeunes gens bien en forme physique, qu'ils soupçonnaient d'être des rebelles. Ils les embarquaient dans des camions bâchés en direction du cimetière, pour les abattre.» Plusieurs fosses communes ont été creusées récemment dans le cimetière. L'odeur de chair en décomposition prend à la gorge. Plusieurs cadavres dévorés par les chiens, aux visages tannés par le soleil, sont éparpillés autour des charniers. Mais il est impossible de confirmer de source indépendante combien de corps contiennent les fosses. Ni le nombre de victimes à mettre au compte des forces loyalistes ou des rebelles. Les forces françaises déployées à Duékoué, à une centaine de kilomètres au sud de Man, ont bloqué l'avancée des rebelles de l'Ouest. Emmenés par les anglophones, les rebelles ont fait plusieurs tentatives de percée dans la ville, fin décembre et la plus meurtrière, le 6 janvier, a fait une cinquantaine de morts côté rebelles et neuf blessés parmi les soldats français. «La France doit faire très attention, prévient le sergent Oussman Coulibaly. Sinon elle aura tous les Sénoufos sur le dos. Si elle s'engage dans cette guerre, elle devra aller se battre jusqu'au Niger.» Un commando anglophone pille à Bangolo La route goudronnée ainsi que les pistes qui descendent de Man à Duékoué sont occupées par des hordes de combattants du Liberia et de Sierra Leone, associés à des rebelles du MJP et du Mpigo. Au-delà de Bangolo, un village situé à une quarantaine de kilomètres de Man, le commandement du MJP n'a plus d'autorité. L'escorte, chargée d'accompagner un groupe de journalistes français jusqu'aux dernières positions rebelles et mandatée par le commandant de la région pour le MJP, doit négocier le droit de passage à chaque barrage. A Bangolo, une camionnette de «commandos anglophones» pile à quelques centimètres des journalistes. Des slogans sont inscrits en anglais sur les portières du véhicule : «Personne ne peut combattre Dieu. N'oubliez pas : nous devons tous mourir.» Le chef du commando, accompagné par une combattante armée d'un lance-roquettes RPG et un groupe d'enfants-soldats fumant des joints, est en colère. Il fut l'un des meneurs de l'attaque du 6 janvier contre les positions françaises. «Les soldats français pensent qu'ils se battront contre des hommes, s'emporte-t-il en agitant son revolver. Mais nous sommes des bêtes sauvages. Cette forêt est celle de nos ancêtres. On vit dans la jungle depuis toujours. S'ils continuent de nous attaquer, cette guerre sera pire que le Liberia.» Ivres de chanvre et de bière, les combattants du Liberia et de Sierra Leone ont faim. Ils n'ont pas pillé une vraie ville depuis un mois. Ils salivent aux portes de Duékoué et de ses «richesses». Les Français sont leur seul obstacle. Comme au Liberia et en Sierra Leone, les commandants ont fourni aux petits combattants un vernis idéologique justifiant les exactions. Ils pensent appartenir à un mouvement panafricain de «freedom fighters», qui doit libérer tout le continent. Après Abidjan on ira ailleur «On est prêts pour la grande bataille, sourit Junior Hongby en brandissant sa kalachnikov. On veut la vraie guerre pour libérer ce pays. On va aller à Abidjan pour tuer Gbagbo. Et ensuite on ira ailleurs pour libérer toute l'Afrique.» Même si un accord est conclu à Paris entre le gouvernement et les rebelles ivoiriens, les combattants anglophones seront difficiles à freiner. Et une nouvelle bataille s'engagera inévitablement pour les chasser de leur eldorado ivoirien.

Notre reporter raconte l'horreur de Man (L'Inter -- Lundi le 20 Janvier, 2003) -- Baba Coulibaly Nicolas Envoyé spécial à Man -- "Deux jours pour rallier Bouaké à Man" Vendredi 10 janvier 2003, il est 15h23 lorsque nous rejoignons au quartier Commerce de Bouaké certains de nos confrères français, candidats pour le voyage sur Man. Ainsi à bord d'un véhicule 4x4 Pajero et avec une carte de la Côte d'Ivoire à l'appui, nous prenons la voie de Diabo, jusqu'à Tiénougbé où nous sommes contraints d'emprunter une piste qui nous conduit dans la nuit noire à Mankono, localité sous contrôle du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire . De Mankono à Séguéla que nous regagnons vers 2h28 du matin, c'est le calme plat, toutes les populations sont endormies. Certains rebelles effectuent des patrouilles. Dans cette ville, des rebelles nous somment de marquer une pause afin de reprendre le périple dès la levée du couvre-feu qui est selon eux applicable à tous, peu importe la qualité et le statut des personnes en face. D'autres encore, autour d'un thé nous indiquent qu'il y va de notre sécurité, car toujours selon leur propre avoeux , les réalités sur la route menant à Man sont toute autre. Nous nous endormons tous dans la voiture garée près de radio Séguéla, une station qui sert désormais de moyen de communication aux soldats insurgés. A 5 heures, notre chauffeur, un jeune Baoulé qui maîtrise parfaitement les pistes pour avoir déjà conduit d'autres journalistes, nous réveille et prend soin de vérifier le niveau de l'huile, du carburant et certains autres détails techniques avant que nous ne redémarrions. Nous quittons la capitale du Worodougou, nous dépassons les villages de Dasso, Sifié, Dieufé où juste après une branche du fleuve Sassandra nous apercevons un cargo militaire immobilisé dans un ravin. Un véhicule 4x4 qui était entre temps embusqué dans la forêt nous prend en chasse et finit par nous rattraper au niveau de Doumbly. Armes aux poings, très menaçants, ces hommes au visage rébarbatif nous invitent à sortir du véhicule les mains sur la tête. c'est encore des mercenaires de Laurent Gbagbo. Il y a des Blancs parmi eux", lâchent-ils avant de procéder à la vérification de notre identité. "Ici ce n'est pas le MPCI, c'est le MPIGO et le MJP, suivez nous". Nous reprenons place à bord de notre automobile et après quelques minutes, c'est la fin de la voie poussiéreuse. Au carrefour Man-Facobly, on peut lire sur un écriteau. Cette phrase qui a valeur de programme politique : "halte-MPIGO, MJP" "La mort d'un général ne reste jamais impunie". Dans ce lieu, nous avons subi une fouille en règle : "Dès que vous rentrez à Man, destination première, l'Etat major", nous ordonne-t-on. Man et son nouveau visage A l'entrée de la ville, même scénario sécuritaire. Plusieurs véhicules pick-up sont calcinés, certains servent maintenant à ériger des barrages. Des impacts de balles sont visibles partout sur les mûrs. Quelques voitures de transport public circulent, mais avec à leur bord des rebelles armés de kalachnikov. Vers 10 heures, où nous rentrons dans Man, nous apercevons une colonne de 4x4 avec des macarons MPIGO et MJP, roquettes et mitrailleuses à l'arrière qui se dirige vers une destination inconnue. Dans la ville toute entière c'est la tristesse et la peur qui habitent les coeurs des Manois. A chaque 100 mètres on peut voir de grosses tâches blanches sur le goudron. Selon un habitant, ce sont des corps qui y étaient et que la Croix rouge a fait ramasser. Sur les lieux, on a répandu de la chaux. A la résidence du préfet qui sert maintenant d'Etat major du MPIGO et du MJP, plusieurs pick-up sont garés et sont pour la plupart sans portières. Des pick-up et des cargos des Fanci sont aussi garés à côté de la clôture où des femmes s'occupent de la cuisine. Huit boeufs sont attachés et attendent d'être abattus. Dans la cour, deux hommes discutent : "Ces Libériens là sont très efficaces sur le terrain, mais dès qu'on prend une ville, ils disparaissent avec tous nos véhicules déplore un combattant du MPIGO". Un peu plus tard nous surprenons deux combattants qui devisaient tranquillement dans un pidgin english. "The chief say that we will receive our money this afternoon at four o'clock. Try to be there" (le chef a dit que nous recevrons notre paie cet-après midi à 16 heures, tâche d'être là) disaient-ils avant de prendre place à l'arrière d'une pick-up. Après notre présentation à l'Etat major, il nous est remis une autorisation de circuler "Man et son odeur insupportable Pour le premier venu à Man, capitale de la région des montagnes, ce sont les mauvaises odeurs qui l'accueillent. La raison, l'existence de plusieurs charniers, certains fermés et d'autres toujours ouverts, sans oublier les corps sans tête qui jonchent la ville. Au quartier "Thérèse" au stade Léon Robert et précisément au Caca sport, l'odeur est suffocante. Les populations de ce quartier ont dû quitter les lieux. Sur place, nous avons pu apercevoir les restes d'une colonne vertébrale humaine. A côté de là, une montagne de terre sous laquelle des êtres humains gisent. Combien sont-ils? Une dizaine selon des témoins qui affirment que les corps y ont été entassés puis recouverts de sable. Même si les corps sont invisibles, nous avons pu voir un squelette de bras humain. Non loin de là, au quartier Lycée, deux autres grosses fosses nous y attendent, mais celles-ci ont l'air bien fermées et aucune odeur ne s'y dégage. On nous a indiqué néanmoins que cinq individus gisent en dessous. Sur les lieux, les traces de chars sont encore visibles et les impacts de balles sont perceptibles partout. Nous reprenons la direction du quartier Sari, quartier qui abrite le cimetière de Man. Impossible de respirer. Nous sommes obligés de nous rendre en ville chercher des protèges nez. En face de la tombe de M. Léon Robert, un corps est en putréfaction avancée. La tête d'un côté et le tronc de l'autre. A une dizaine de mètres de la dernière demeure de M. Léon Robert, une fosse est encore ouverte. Environ 8 corps sont en état de décomposition. Des corps entassés les uns sur les autres. D'autres habillés, d'autre encore nus. Nous avons pu aussi reconnaître une femme par la lingerie qu'elle portait. D'autre corps sont déjà réduit en squelettes. A Manpleu et à Zelé, plusieurs corps, ont selon des villageois été jetés dans des puits puis refermés. C'est la même chose à Donpleu, Banegouin, Yebégouin, Kôgouin, Bigouin Zagoué. Le plus grave, des corps ont été jetés dans le kô, un des fleuves de Man. Après cette promenade macabre, une seule question mérite d'être posée. Qui sont les auteurs d'un tel carnage ? La ville, il faut le noter, était d'abord contrôlée par le MPIGO et le MJP. Après des combats, les Fanci ont repris la ville, mais après une contre offensive, les hommes de Félix Doh et de Déli Gaspard se sont de nouveau rendu maîtres de la ville de sorte que seule une enquête fouillée pourrait déterminer les responsabilités. Si à Man tous nos interlocuteurs ont accusé les policiers de la brigade anti émeute (BAE) d'en être les responsables, le pouvoir d'Abidjan par la voix du porte parole des Fanci le lieutenant colonel Jules Yao Yao a rejeté en bloc ces accusations. Nous étions obligés de quitter de Man le même jour vers 16 heures car l'ambiance demeurait incertaine et les deux mouvements rebelles de l'ouest n'avaient pas encore signé d'accord de cessez-le-feu, le danger pouvait à tout moment surgir. Ainsi, nous passions par Gouessesso, village du Général Guéi Robert tué le 19 septembre date de l'insurrection pour atteindre Touba, Bako, Odienné, Boundiali et Korhogo le lendemain dimanche à 3h du matin. Dans cette ville aux mains de l'Adjudant chef Koné Messemba, une grande manifestation venait de se tenir. Tous les chefs de guerre y étaient et on a pu voir certaines têtes comme le sergent Ouattara Issiaka dit Wattao, un autre sergent qu'on avait donné pour mort Oumar Diarrassouba dit Zaga-Zaga. En bérets verts au café de la station total non loin de la gare CK Express, les deux hommes discutaient autour d'un pot. L'autre surprise, c'était le caporal Diarrassouba Adama Tuo, un des membres du "complot du cheval blanc" à la résidence du Gl Guei Robert. Sur sa voiture est collée la une de l'Inter n°764 du vendredi 17 novembre 2000 présentant des soldats dans une peugeot bâchée. Sur l'autre côté, un numéro de jeune Afrique l'Intelligent affiché avec les photos de l'attaque du domicile du Général Guei. A la préfecture de Korhogo, nous avons constaté un grand rassemblement. Renseignement pris, il s'agirait de certains gendarmes, restés longtemps cachés dans leurs maisons, qui décident de rejoindre le camp de la rébellion. Dans toute la zone rebelle (MPCI, MPIGO, MJP) nous avons pu noter au total 183 barrages. Les 1332 kms parcourus comme l'indique notre tableau de bord n'ont pas été du tout faciles, car par moments nous avons eu des difficultés à passer surtout à Man, car la seule vue des combattants du MPIGO et du MJP, déclenche une frayeur sans nom.

20/01/2003 Paris dénonce des exactions en Côte d'Ivoire MARCOUSSIS (AFP) - La France a dénoncé lundi des violations des droits de l'Homme dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, tandis que les acteurs de la crise ivoirienne ont entamé à Marcoussis, près de Paris, la deuxième phase de leurs négociations.

Paris est "préoccupé par les violations des droits de l'Homme qui ont été signalées dans l'ouest de la Côte d'Ivoire ces derniers jours", a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, François Rivasseau.

M. Rivasseau a réaffirmé l'"exigence absolue du respect des droits de l'Homme" pour Paris alors que des témoignages de réfugiés font état d'exactions, viols, et pillages par des éléments semble-t-il libériens. L'ouest ivoirien est occupé en partie par des mouvements rebelles.(...)

Exactions et crimes de guerre en Côte d'Ivoire LE MONDE | 21.01.03
(...) Selon de nombreux témoignages d'habitants ayant récemment fui la zone rebelle, des exactions s'y multiplient depuis que les forces françaises ont stoppé la progression des insurgés vers le sud. Le pays baoulé, au Centre, s'est vidé d'une partie de sa population. Dans l'Ouest, deux nouveaux mouvements rebelles ont recruté des "combattants" au Liberia, auteurs des pires exactions. "Là-bas, ce n'est plus la guerre civile, c'est une sorte de carnaval sanglant, affirme un Occidental, qui vient de quitter Danané, sur la frontière libérienne. On y pille, viole et tue pour un oui ou pour un non. Les morts se comptent par centaines." (...)

"Incontrôlés" en provenance du Liberia dans l'ouest ivoirien (armée française) (AFP 23/01/2003)
Des bandes d'"incontrôlés" en provenance du Liberia ont fait intrusion depuis mercredi après-midi dans l'ouest de la Côte d'Ivoire et risquent de remettre en cause l'accord de cessation des hostilités entre gouvernement et rebelles, a déclaré à l'AFP le porte-parole des forces françaises en Côte d'Ivoire, le lieutenant-colonel Ange-Antoine Leccia.
"Il est maintenant avéré que des bandes importantes +d'incontrôlés+ venant du Liberia ont fait intrusion en territoire ivoirien dans la région de Toulépleu (ouest) depuis le 22 janvier après-midi. Ces bandes font régner un climat de violence grave sur les populations ivoiriennes frontalières et leurs exactions sont à même de remettre en cause le statu quo issu de la signature de cessation des hostilités entre le gouvernement ivoirien et les mouvements rebelles de l'ouest", signé le 13 janvier à Lomé, selon le communiqué reçu à Abidjan.(...)

Les rebelles incendient un village à Bangolo Notre Voie - 8/2/2003 - Dans la partie Ouest passée sous leur contrôle depuis le 20 décembre 2002, ils en ajoutent chaque jour aux souffrances des populations. En effet, au fur et à mesure que le temps passe, ces sinistres individus durcissent le ton. De sorte qu’aujourd’hui, il est impossible de quitter les zones assiégées pour Duékoué, localité qui abrite un détachement de soldats français. Le résultat, les personnes fuyant les exactions et qui rendent compte des scènes horribles que ces hommes sans cœur font subir aux populations sont devenues rares.
Et, pourtant, là-bas et surtout dans le département de Bangolo, il se passe des choses qui devraient irriter les organismes de défense des Droits de l’Homme qui ne s’intéressent que des faits dans la partie sous contrôle gouvernemental. A preuve, à la liste de 29 civils froidement abattus récemment (in “Notre Voie” n° 1393 du mardi 21 janvier 2003), s’ajoutent d’autres noms. Nous venons d’apprendre que six autres personnes ont été exécutées par les maîtres des lieux. Ce sont : Zahé Kouity, Jean-Patrice Gnonohin, Gaston Gohi, Bruno Bah Maho et Victor Toh pour la sous-préfecture de Diouzon et Honoré Guéi pour celle de Zéo. (...)
Le village de Dounandrou I dans la sous-préfecture de Zéo en a fait l’amer constat. Lui qui a vu sa moitié partir en fumée. Les rebelles pyromanes, selon nos sources, ont été sollicités par les villageois de Klindé, dans la sous-préfecture de Logoualé, pour rendre justice dans un vieux conflit foncier qui les oppose depuis plusieurs années à leurs voisins de Dounandrou.
A Zéo, chef-lieu de sous-préfecture, le parent d’un prêtre, pour avoir conservé les biens de l’homme de Dieu chez lui, a essuyé la colère des rebelles. Ils ont carrément incendié sa maison. Autre lieu, à Zérégbo, sous-préfecture de Zou, ils ont mis le feu à une maison à cause du poster d’un étudiant de l’ENA accroché au mur qu’ils ont confondu à celui d’un militaire de Gbagbo (FANCI).
Face à la désertion des villages par leurs occupants qui trouvent refuge dans la forêt, les assaillants parcourent les localités pour exhorter les populations à sortir de leur cachette. Cette démarche que Edouard Zéréhoué député de Bangolo qualifie de diversion, se justifierait, selon ses initiateurs, par le départ des Libériens qui commettent des exactions. Le témoignage d’un rescapé rentré fraîchement de Bangolo apporte de l’eau au moulin du représentant du peuple. Le jeune Prince Lenoir K., qui suit des soins à cause des blessures qu’il a eues à la tête, sur le dos et aux doigts, soutient que rien n’a changé dans les pratiques inhumaines que ces hommes sans cœur infligent à leurs prisonniers. Il en veut pour preuve le traitement qui a été réservé à lui et à trois de ses compagnons d’infortune enlevés pour raison d’enquête sur la cachette d’un certain “Débêh”. “A la résidence du préfet, où nous avons été conduits, l’on nous a fait manger des cailloux et des chaussures, nager sur le gravier et battre avec la lame de machette”. Avant d’ajouter qu’à la résidence du préfet ou au violon de la gendarmerie, ils ont découvert des habits tachetés de sang, dont les propriétaires sont portés disparus. Quant à eux, ils doivent leur salut à la trêve décrétée par le chef de leurs bourreaux qui est allé prendre sa dose de drogue, comme d’habitude en pareilles circonstances, pour se donner de la contenance.

 


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Le début du massacre à travers la presse

Des combattants libériens anglophones signalés dans l`ouest ivoirien   (AFP)

12/12/2002 Les guerriers wê aident les Fanci à libérer Bloléquin (AIP)

Barbarie en zones occupées : Les rebelles exécutent 29 civils à Bangolo (Notre Voie)

Vols, viols et pillages dans l'ouest ivoirien (Notre Voie)

24/12/2002 Des centaines de civils fuient vers Duékoué, gardée par les soldats français (AFP)

27 Décembre 2002 Déplacement massif à l'ouest (www.allafrica.com)

mardi 7 janvier 2003 Côte d'Ivoire : Reunion des ressortissants du grand ouest à Paris LE BILAN SUR LE SORT DES POPULATIONS DE LA REGION DU GRAND OUEST (www.legrandsoir.info)

12/01/03 Après trois échecs face aux soldats français à Duékoué : Les rebelles du MPIGO exécutent 25 villageois (Notre Voie)

15/01/03 Malgré les accords de cessez-le-feu signés à Lomé : Le MJP poursuit les exactions sur des civils à Duékoué (Notre Voie)

20 Janvier, 2003 Notre reporter raconte l'horreur de Man (L'Inter)

20/01/2003 Paris dénonce des exactions en Côte d'Ivoire (AFP)

21 janvier 03 Le Général Seton, 19 ans, commandant des enfants soldats révèle : «J'ai été recruté pour manger le coeur de Gbagbo» (Le Figaro)

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23/01/2003 "Incontrôlés" en provenance du Liberia dans l'ouest ivoirien (armée française) (AFP )

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