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Le conte raconté lors de l' intervention de Tcheidé Jean-Gervais "porte-parole du peuple wê" au chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo

“Il était une fois un roi qui régnait sur son peuple. Il avait cinq épouses qui ne lui avaient donné que des filles. Le temps passait et le roi n’avait toujours pas de descendant mâle. Le roi alla épouser, dans un pays lointain, une femme qui lui donna, enfin, un garçon. Comme il était son fils unique, le roi lui permettait tous les caprices, mêmes les plus déraisonnables.

Chaque fois que l’une des femmes emmenait l’enfant se laver, il se mettait à pleurer, à pousser des cris, à fendre le cœur du roi qui entrait dans une colère noire. Il punissait la femme et poussait sa rage jusqu’à des représailles contre ses parents. Et la confusion s’installa dans la confusion.

Un jour, le roi de l’emmener se laver. Stupeur ! L’enfant se mit à crier encore plus fort. Le roi voulu alors en avoir le cœur net. La vérité, c’est que l’enfant gâté ne demandait rien d’autre que le disque jaune qu’il voyait à la surface de l’eau. C’était le reflet de la lune. Chaque fois que des femmes tentaient d’attraper ce reflet, il s’effaçait et l’enfant se mettait à crier”.

Et le porte-parole de constater que, dans cette histoire, le fou, ce n’est pas l’enfant gâté qui court après un mirage. Mais ceux qui croient que la lune se trouve dans le seau où l’on voit son reflet. "

Le peuple Wé dans l'enfer des "libérateurs" libériens

Sommaire

Le conte
Le crime
Les circonstances
..................Le 19 septembre 2002
..................L'invasion libérienne
..................La "Paix"
Les commanditaires
Les sbires

 Doh Mosquito Gaspard   Banchi
L'ambiguité française
Le silence des medias
Un "avenir radieux"

Documents
Le début des massacres dans la presse
Dans l’Ouest, les forces Licorne brouillent les pistes
Un coeur qui n’est pas guéri ne peut pardonner


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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Le crime
La presse ivoirienne n'est réputée ni pour son exactitude, ni pour son indépendance. Par défaut, elle reste pourtant la principale source d'information sur les massacres commis par les rebelles dans l'ouest ivoirien à travers de nombreux articles (voir Le début des massacres dans la presse).En effet, comme le remarquait le Figaro Magazine dès le 18/01/2003
"Curieusement, la presse demeure silencieuse sur les exactions auxquelles ils se sont livrés dans les zones conquises. Ce n'est pourtant pas un hasard si la Côte d'Ivoire recense aujourd'hui 600 000 déplacés : ces gens savent ce qu'ils fuient."


Civils ivoiriens fuyant les rebelles

Dans la seule zone de peuplement Wé, le bilan de ces crimes serait de "plus de 2.000 tués et 900 disparus -près de 80000 personnes déplacées -des villages incendiés -des habitations détruites -des biens, fruits de plusieurs années de travail, emportés -des récoltes pillées. Et, sacrilège des sacrilèges, une profanation massive de ce qui constitue l'âme et les symboles du peuple Wê : les Kwi et les Glaé. Leurs enclos, lieux saints par excellence chez le Wê, ont été saccagés et pillés ! Ce bilan déjà si lourd n'est, hélas, que provisoire car de nombreux villages sont actuellement inaccessibles et de ce fait, nous ne disposons d'aucune information fiable les concernant." selon une déclaration du collectif des élus Wé au Président ivoirien le 7 avril 2003.


Maison brulée par les "rebelles" (source cride coeur)

Cette estimation correspond aux crimes répertoriés à cette date mais peut cependant être inférieure à la réalité : "Si l'on en croit Mme Lato Bernadette, épouse de l'adjudant Lato, du commissariat du 16e arrondissement de Yopougon, capturée et conduite au Libéria et qui y a passé 3 mois de réclusion "c'était l'enfer". "Les rebelles ont massacré plus de la moitié des quelques 17 000 Ivoiriens qui ont trouvé refuge à Toe Town" Soir Info - 13/3/2003

Quelques mois plus tard, Soir Info du 19/09/2003 croyait pouvoir évaluer le nombre de victimes à 5000 pour l'ensemble de l'ouest ivoirien :"A Toulépleu, à Bangolo et à Kouibly notamment, des combattants venus du Libéria voisin, avec plusieurs années de guerre à leur actif, ont semé le désespoir et l'angoisse permanente dans ces localités. Des villages entiers n'existent plus dans la partie ouest de la Côte d'Ivoire. Ce sont des populations totalement traumatisées qui tentent aujourd'hui de rejoindre leur village."

Le même journal publiait un reportage hallucinant sur une zone de peuplement Wé évacuée quelques jours plus tôt par les "rebelles" du MPIGO/MJP/MPCI (= Forces Nouvelles) "On peut l'affirmer, les rebelles ont effectivement déserté villages et campements du département de Duékoué. (...). Nous nous sommes rendus dans les villages des axes Duékoué-Man, Duékoué-Kouibly et Dibobly, pour voir et toucher du doigt les dégâts causés par les rebelles en ces lieux. (...)

Il n'est pas facile de regarder les corps qui traînent aux abords des villages ou qui jonchent la voie. A Fengolo, village situé à 6 km de Duékoué, sur l'axe Duékoué-Man, à 300m du village, dans la rivière gbôhôgbô, et au bord de celle-ci, nous avons découvert certains corps en putréfaction avancée quand pour d'autres il ne reste que le squelette. Dans la rivière, des ossements 'humain flottent sur l'eau. Le nombre des corps et squelettes est d'environ soixante. En ces lieux, il n'est pas facile de rester une minute du fait de l'odeur suffocante qui s'y dégage.

Pour mémoire, lors du sit-in des chefs traditionnels et déplacés à Duékoué, M. Léhi Paul, président du collectif des chefs traditionnels avait demandé au colonel Anette, nouveau Commandant de l'opération Licorne d'aller vérifier ces états de faits : " Allez voir à Fengolo à 3 km du barrage des Français et à 6 km de Duékoué. Plus de 60 corps sont jetés dans la rivière Gbôhôgbô ". (...)

Dans certains villages comme à Baoubly, nous avons découvert des corps d'hommes et d'enfants dans des maisons et des rivières. Des crânes sont perchés sur des bois en bordure de route, dans certains villages, des têtes humaines traînent au bord de la route. Dans la plupart des villages, les puits situés au bord des villages ont été transformés en tombe, des corps y ayant été jetés."Soir Info - 13/6/2003

Les informations de cet article de Soir Info ont été confirmé par une personne que nous connaissont et qui a parcouru les mêmes lieux en aout 2003 et en a ramené des images très morbides.


Chasseurs traditionnels ouest africains "dozos" ralliés à la rébellion. Ils sont réputés pour leur cruauté et leurs "gbass" (talismans) qui protégent des balles

Si l'on excepte le cas, apparemment assez critique, des petits peuples Niaboua et Niédéboua, le peuple Wé est probablement l'ethnie qui a payé le plus lourd tribut à la guerre en Côte d'Ivoire. En effet, il a été exposé à une épuration ethnique féroce :

- "Ce qui se passe est un génocide planifié… A des barrages des rebelles ou si vous tombez sur leurs patrouilles entre les villages et hameaux vous êtes immédiatement tués (souvent égorgés) si vous ne parlez pas Yacouba, Malinké ou Anglais… ", a commenté un déplacé qui a passé deux semaines en brousse avant de rejoindre les positions loyalistes dans la ville de Toulépleu."Le Nouveau Réveil - 12/3/2003

- "Grandes victimes de la barbarie des rebelles, les populations autochtones d’ethnie guéré ont du mal, surtout pour les plus jeunes, à cacher leur sentiment d’injustice et leur désir furieux de vengeance. (...)“On dirait que c’est un génocide planifié des Guéré ! ”, se plaignent de nombreux déplacés. S’estimant lâchés par l’Etat et les forces armées nationales, ils en veulent tout d’abord au pouvoir central, et au Président de la République, Laurent Gbagbo. (..) Ce sentiment d’abandon nourrit un repli sur l’ethnie et la tribu déjà perceptible, qu’un Etat empêché de défendre ses populations par une communauté internationale passive et complice pourra difficilement exorciser. Dans une grande salle de la mairie de Duékoué, la tension monte entre populations déplacées de Bangolo et responsables du comité départemental de gestion de crise. Alors que ces derniers insistent sur l’identité des rebelles libériens et sierra-léonais, qui sont objectivement les plus odieux, les populations guéré tiennent absolument à pointer du doigt les compatriotes yacouba, autochtones comme eux. (...) Les Mossi sont collectivement accusés de servir d’éclaireurs aux rebelles, et de leur permettre notamment de retrouver les traces des paysans qui se cachent dans leurs campements de brousse. “ On les a accueillis, et voilà comment ils nous remercient, tout simplement parce que les rebelles leur ont dit que s’il n’y a plus de Guéré, ils seront propriétaires de la terre. (...)”, peste un cadre de Bangolo." Fraternité Matin - 5/3/2003

Le terme de génocide a été employé de façon inapproprié pour qualifier l'épuration ethnique subit par les wé. Ce terme a, en effet, été totalement galvaudé dans le contexte ivoirien. Le Monde du 06/12/2000 notait déjà que "Le fantasme d'un "projet génocidaire" est nourri dans la presse du RDR d'Allassane Ouattara".


Une du journal pro-rebelle "le Patriote" publié en pleine guerre dans la capitale du "Hitler noir"

Même le journal ivoirien le Patriote, toujours prompt à opposer les "rebelles civilisés" au "pouvoir génocidaire et totalitaire" , doit reconnaître le 9 avril 2003 que "Il serait indécent de nier que les Wê subissent des massacres dans ce grand Ouest mis à feu et à sang. Des villages, par dizaines, sont détruits ; les populations, hommes, femmes et enfants connaissent les affres des actions d'exécuteurs ivres de sang."

Les circonstances
19 septembre 2002 : le déclenchement de la guerre
La guerre est apparue en Côte d'ivoire le 19 septembre 2002 à la suite d'une tentative ratée de coup d'état qui aurait fait appel (1), déjà, à des mercenaires libériens, sierra léonais et maliens(28-09-2002 LE PARISIEN, aout 2003 Human right watch) ainsi qu'a des armes dont l'armée ivoirienne ne disposait pas(Le Patriote 29/09/2003). Selon une des rares dépêche A.F.P. sur ce sujet,
"Des commandants de la rébellion ont reconnu devant des journalistes s'être absentés du pays pendant deux ans pour, ont-ils dit, "préparer le conflit". Ils affirment notamment avoir séjourné dans un camp d'entraînement à Pô à 100 km au sud de Ouagadougou.

Des habitants de la ville frontalière ivoirienne de Ouangolodougou, ont affirmé qu'une fois la nuit tombée, ils entendaient le bruit de convoi de camions venant du côté burkinabè, malgré la fermeture de la frontière.

Selon des sources diplomatiques allemandes et canadiennes ayant requis l'anonymat, l'approvisionnement en carburant et en munitions des rebelles se fait à partir du territoire burkinabè.

Les armes (notamment des lance-roquettes et des canons anti-aériens), sont neuves, et n'ont rien à voir avec le matériel usagé dont disposaient les forces loyalistes. Une partie de ces armes a été acheminée dans Abidjan, à partir du nord, trois mois avant le déclenchement de la rébellion, selon des mutins."


Rebelle exhibant un lance-missile anti-aerien d'origine russe que la rebellion a obtenu par un pays voisin de la Cote d'ivoire

L'attaque a cependant été présentée comme une mutinerie ou un faux complot machiavélique par certains journaux français et un opposant ivoirien :
- "Un règlement de comptes déguisé-Selon nos sources, la prétendue mutinerie cache une guerre au sein du gouvernement".Libération, 23/09/2002

- "A-t-on profité d'une vraie mutinerie, l'a-t-on manipulée pour procéder au "nettoyage" des opposants dont je suis ? Le président Gbagbo a-t-il autour de lui des extrémistes qu'il ne contrôle pas ? Ce qui est sûr, c'est que la Côte d'Ivoire, mon pays, est malheureusement aujourd'hui devenu un "Etat voyou", où la violence et la barbarie ont pignon sur rue." Interview: Alassane Dramane Ouattara (septembre 2002, La Croix).

- " Des militaires, recrutés lors du coup d'Etat de Robert Gueï du 24 décembre 1999 et sur le point d’être démobilisés, se sont mutinés." Courrier International, mardi 24 décembre 2002" .

L'échec du putsch à Abidjan n'a pas empêché la conquête du nord ivoirien par les "mutins". Plus d'un demi million de réfugiés ivoiriens avaient déjà fuit la zone MPCI lorsque loyalistes et rebelles ont signé le cessez le feu du 17 octobre 2002 sous la pression de la diplomatie et de l'armée française.

L'invasion libérienne de l'ouest ivoirien
Un second front s'ouvrait peu de temps après dans l'ouest ivoirien.

Selon l'ONG Human rights watch, "A la fin de novembre 2002, la prise de Man et de Danané et une attaque sur Toulepleu, toutes des villes relativement importantes dans l’Ouest du pays, près de la frontière avec le Libéria, ont marqué l’apparition de deux nouveaux groupes rebelles et d’un nouveau front militaire. Les nouveaux groupes, le Mouvement pour la Justice et la Paix (MJP) et le Mouvement Populaire Ivoirien du Grand Ouest (MPIGO), prétendaient rassembler des Ivoiriens cherchant à venger la mort du Général Guei.(...)

Alors que le MPCI a initialement nié être en lien avec les deux nouveaux groupes, des signes ont montré que l’offensive de l’Ouest du 28 novembre était coordonnée par ces trois groupes. Il est certain que l’émergence de deux nouveaux groupes à l’Ouest et l’ouverture d’un nouveau front militaire sont arrivées à un moment particulièrement opportun pour le MPCI qui avait signé un cessez-le-feu avec le gouvernement et ne pouvait plus poursuivre d’autres objectifs militaires sans violer cet accord."

L'ONG Global Witness a publié en Mars 2003 un rapport d'enquête(Les Suspects Habituels Mars 2003 Les armes et les mercenaires du Liberia en Cote d'Ivoire et en Sierra Leone PDF 726 Kb) détaillant l'implication des "suspects habituels", les gouvernements libérien, burkinabés et lybiens, dans le recrutement, l'approvisionnement en arme et la chaîne de commandement des mouvements rebelles MJP (Mouvement pour la Paix et la Justice) et MPIGO (Mouvement populaire ivoirien du Grand-Ouest) qui ont dévasté l'ouest ivoirien :
"Fin 2002, Taylor a ordonné à Aloysius Sackie, un de ses anciens généraux du FPNL, de mobiliser des hommes pour une incursion en Côte d’Ivoire. 750 troupes se sont réunies à partir du bataillon sierra léonais à l’intérieur de l’UAT et à partir d’une variété de milices libériennes. Les troupes ont été assemblées à la résidence du général Sackie à l’extérieur de Gbarnga sur l’autoroute Gbarnga – Ganta dans une zone connue comme l’entrée VP.

Les nouvelles du recrutement et de la mobilisation étaient généralement connues à Gbarnga même jusqu’au point de départ. Félix Doh, le dirigeant non officiel du MPIGO et du MJP, aurait été formé au Liberia dans les casernes de Sheffield avant les attaques sur Man et Danane. Il y a de multiples reportages mentionnant que Sam Bockarie a été observé combattant avec les rebelles en Côte d’Ivoire.En même temps, William Sumo était déjà en train d’installer un camp d’entraînement et un point de transit pour les troupes à la rivière Gbeh, dans le comté de la rivière Gee. La rivière Gee est stratégiquement située sur la frontière libérienne avec la Côte d’Ivoire, dans le district isolé et boisé de Webbo, et a plusieurs postes frontaliers non officiels. Le camp à la rivière Gbeh loge un mélange de Libériens, de Sierra Léonais, et d’autres nationalités. Un Ivoirien, qu’on dit être le fils du général Guei, fréquente le camp et serait le dirigeant du MPIGO alors que le camp est sous le commandement du général William Sumo, assisté par le commandant adjoint de l’UAT dans la région de Shadrach Demeh. Le gouvernement libérien a également commencé à déplacer les troupes de l’UAT vers les villes frontalières en prétendant que le LURD était en train d’organiser une attaque à partir de Danane et possiblement de Toulepleu. En fait, l’UAT a complètement remplacé les gardes réguliers de la frontière pour qu’ils soient prêts pour les attaques en Côte d’Ivoire.


Rebelles franchissant un fleuve à la frontiére libérienne

Dans les mois précédant les attaques, des petits groupes de trois à quatre combattants libériens ont commencé à arriver à Danane. Moussa Cisse de la société forestière MGC a loué des maisons à Danane, à Houphouetville et à Belleville pour loger les troupes pendant qu’elles attendaient des instructions. La majorité de ces combattants s’est vantée d’attaques imminentes sur la ville. Les journées précédant les attaques, plusieurs combattants ont recommandé à leurs amis dans la ville de partir. 22 et 23 novembre 2002 : Les troupes ont été déplacées à partir de Gbarnga jusqu’à Yekepa, une ville au nord, qui se trouve stratégiquement à la bordure des frontières de la Guinée et de la Côte d’Ivoire. Il est probable que cette zone a été sélectionnée parce qu’une incursion à partir de là en Côte d’Ivoire pouvait facilement être confondue avec une attaque à partir de la Guinée.

27 novembre 2002 : Les troupes ont été déplacées pendant la nuit à deux postes frontières : Theo, près de la frontière guinéenne, et Dulay, au nord de Yekepa. Ces groupes se sont ensuite retirées rapidement de la frontière et se sont ensuite divisées, un groupe se déplaçant vers Man et l’autre vers Danane.

28 novembre 2002 : Les combattants du MPIGO sont arrivés à Danane où ils n’ont rencontré presque aucune résistance alors que l’armée ivoirienne avait déjà en grande partie fui la ville. Le groupe qui se dirigeait vers Man a pris certaines parties de la ville et a commencé à se nommer « le MJP ».

12 décembre 2002 : À 21 heures 0 minutes, un renforcement de 350 combattants a quitté la Maison de Vomoma, un camp militaire au Liberia, pour se diriger vers la Côte d’Ivoire. Les réfugiés libériens encore à Danane au moment de l’entrée des rebelles ont commencé à fuir la ville, la plupart d’entre eux se dirigeant vers les points frontaliers à Logatuo et à Kenlay, tous les deux dans le comté de Nimba, où les gardes frontaliers ivoiriens avaient déjà, eux aussi, fui devant les avancés des rebelles. Les gardes frontaliers ivoiriens ont traversé la frontière vers le Liberia et se sont rendus auprès des unités libériennes de l’UAT qui étaient à ce moment-là fortement déployées dans ces villes frontalières. Les Libériens retournant au Liberia depuis ont confirmé qu’un grand nombre de combattants libériens se sont infiltrés à Danane les jours avant les attaques et se sont assemblés dans des maisons louées dans ce but par Moussa Cisse. Plusieurs personnes retournant à Monrovia de Man et de Danane ont dit avoir vu Cucoo Dennis, Sam «Maskita » Bockarie, Joe Tuah et George Dwanah, alias Jack le rebelle. De nombreuses personnes et réfugiés ont également signalé que la plupart des attaquants étaient des Libériens et des Sierra Léonais. En outre, les Libériens en Côte d’Ivoire, qui se voyaient piégés dans les combats, avaient apparemment décidé de se joindre aux rebelles par crainte de harcèlement et d’intimidation.

Les quelques jours suivants, on voyait le MPIGO consolider sa prise sur Danane avant de se déplacer vers Toulepleu par Zongway. À ce moment-là, un autre groupe de milices libériennes, mobilisé par le commandant de la Division des Opérations Spéciales (SOD), connu sous le nom de « Zee Man », était prêt et en état d’alerte pour commencer une action. Zee Man et ses troupes étaient restés dans le camp des employés de BIN de la société forestière alors qu’ils attendaient les instructions. Après une tentative ratée de convaincre les troupes loyales à Gbagbo de se joindre à lui, Zee Man a lancé une attaque sur les gardes frontières ivoiriens. Par la suite, BIN est devenu la scène de combats féroces pour le contrôle de Toulepleu alors que c’était l’unique lieu de sortie pour les forces loyalistes qui s’étaient repliées du centre de Toulepleu vers la frontière avec le Liberia. Les survivants des forces loyalistes se sont échappés au-delà de la frontière dans d’autres villages autour de Toe Town et se sont rendus aux unités militaires libériennes stationnées dans Toe Town. Zee Man et ses unités ont ensuite réussi à se joindre à leurs homologues à Toulepleu. En un peu plus d’une semaine, un groupe rebelle auparavant inconnu avait provoqué des dégâts considérables."

En janvier 2003, un troisième front s'ouvrait à partir de la frontière libérienne, dans la région de Tabou, au sud du verrou français de Duékoué. Cette nouvelle attaque avait d'ailleurs été annoncé 2 jours auparavant par un "scoop" du journal ivoirien Fraternité Matin (30/12/2002) : "Selon une information qui nous est parvenue hier de Monrovia, les troupes de Taylor s’apprêteraient à attaquer à Taï et à Tabou. Ces troupes seraient commandées par le colonel Siafa Norman. Les préparatifs seraient déjà terminés.".

La débandade des troupes ivoiriennes (3), même renforcées de mercenaires européens, a amené les wé à former des milices tribales pour se protéger contre les exactions des "rebelles". Ces milices paysannes, inefficaces et presque désarmées au début de la guerre se sont vite renforcées avec l'aide de l'armée ivoirienne. De nombreux réfugiés wé du Libéria ont été recruté dans les camps de l'Ouest ivoirien où ils avaient fui les persécutions du régime de Charles Taylor. Selon Human Rights Watch :"Début janvier 2003, les forces loyalistes s’étaient regroupées avec un contingent entier de recrues libériennes. Les forces gouvernementales ont attaqué Toulepleu, prenant la ville le 12 janvier 2003.(...) Dans les semaines qui ont suivi, les rebelles ont lancé plusieurs contre-attaques et de nombreux villages autour de la ville ont été brûlés et détruits. En opposant les Libériens aux Libériens et en ravivant les querelles ethniques libériennes entre les Krahn et les Gio sur le sol ivoirien, le gouvernement a aggravé la situation.(...)"(Human Rights Watch). L'ONG oublie de mentionner que le gouvernement ivoirien avait demandé l'application des accords de défense qui garantissait la protection de l'armée française en cas d'agression étrangère contre la Côte d'Ivoire ainsi que la livraison de materiel militaire. Le gouvernement français a refusé en prétextant que la dévastation de l'ouest ivoirien était une guerre civile entre ivoiriens.

La "Paix"
"La diplomatie française a produit un second cessez-le-feu entre le gouvernement et les groupes rebelles de l’Ouest, le 13 janvier 2002 mais les négociations de paix qui se sont déroulées à l’appel du gouvernement français à Linas-Marcoussis ont été entachées par des rapports continuant de mentionner des combats le long de la frontière entre le Libéria et la Côte d'Ivoire. Les négociations de Paris ont produit le cadre pour un nouveau gouvernement de réconciliation dans lequel le Président Gbagbo conservait la présidence tout en déléguant des pouvoirs considérables à un nouveau Premier ministre sélectionné par consensus." (Human Rights Watch)

Malgré la fin officielle de la guerre en Côte d'Ivoire, l'activation des Accords de Défense liant la France et la Côte d'Ivoire pour faire face aux "forces régulières libériennes" (4) et le vote d'une résolution de l'Onu autorisant l'armée française à utiliser la force pour protéger les civils (5), combats et massacres se poursuivront sans intervention extérieure pendant plusieurs mois.

L'armée française ne se déployera dans l'ouest sous occupation des rebelles que le 26 mai, après le repli de certains combattants libériens et l'élimination des récalcitrants par le premier mouvement rebelle, le MPCI : "Devant la mairie de Danané, un groupe de rebelles ivoriens bousculent un homme nu comme un ver. Ils l'emmènent dans une rue adjacente. Deux coups de feu retentissent. Les combattants reviennent sans leur prisonnier. Selon des agents de la Croix-Rouge à Danané, qui s'occupent des inhumations, au moins une cinquantaine de mercenaires libériens et sierra-léonais ont été exécutés. "Les corps ont souvent les bras liés par des cordes fines et dures", explique l'un des responsables de l'organisation, qui veut rester anonyme. "Ces Libériens ont commis des pillages et des exactions sur la population civile. On a donc décidé de mettre fin à notre collaboration, explique Chérif Ousmane. On leur a demandé de partir. Ils ne voulaient pas. Nous sommes obligés d'utiliser la force pour les faire décamper." LE MONDE | 05.05.03

Le Figaro pouvait enfin écrire le 14 juillet 2003 que : "L'ouest de la Côte d'Ivoire, qui a connu les combats les plus durs et les exactions les plus graves du conflit, est en voie d'apaisement. La mission était pourtant risquée pour les forces françaises et celles de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), qui ont investi la région depuis le 26 mai dernier. Certes le gros des incontrôlables mercenaires libériens à la solde des rebelles avait quitté le théâtre d'opérations. Mais il restait de nombreux Libériens, aux côtés des troupes loyalistes. En conséquence il a fallu que les rebelles et les Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (Fanci) coopèrent afin d'amener à la raison certaines de leurs troupes. "

Carte de l'ouest ivoirien aprés le déploiement des forces d'interposition

Les commanditaires
Selon
ONG Global Witness : "Les deux groupes rebelles qui ont émergé en novembre ont été lancés à partir du Liberia, et tous les deux ont le président Charles Taylor comme cerveau et commanditaire. Le gouvernement libérien a confié à ses agents les plus proches, et avec le plus d’expérience, l’insurrection en Côte d’Ivoire. Ces agents sont des individus, tels que Sam « Maskita » Bockarie, et des sociétés forestières, telles que la Maryland Wood Processing Industries (MWPI). Elles ont été impliquées dans l’organisation, la mise en œuvre et la supervision des opérations."


L'ex-Président du Libéria, Charles Taylor

Le rapport d'enquête(Tackling Liberia: The Eye of the Regional Storm) de l'ONG "International Crisis Group" offre un tableau peu différent (6), quoique plus nuancé, des responsabilités dans la création du MPIGO et MJP. Le MPIGO serait un conglomérat de partisans du général ivoirien Robert Guei (assassiné le 19 septembre 2002 à Abidjan), de libériens, sierra léonais et autres ressortissants africains tandis que le petit MJP serait "un satellite du MPCI" de composition similaire au MPIGO. Il y aurait également des preuves de liens direct entre le MPCI et le président libérien.


Les présidents francais et burkinabés sont accusés par le président ivoirien d'être respectivement le parrain et le tuteur de la rébellion

Le journal ivoirien Soir info du 30/04/2003 livre d'ailleurs une interprétation très voisine :"Le MPCI étant l'inspiration du clan Ivoiro-Burkinabé, a pour bailleur de fonds et pour soutien logistique, (armes, carburant, etc.) et parrain Blaise Compaoré, le Président du Burkina Faso qui avait pour objectif de changer le régime Gbagbo et de placer un homme de paille. Ce clan avait une ambition politique. A l'opposé, il y a le clan anglophone qui a pour mission de transformer l'ouest en une base arrière et un sanctuaire pour cet autre parrain de la rébellion, Charles Taylor. Le clan Ivoiro-Libero-Sierra-léonais, est un regroupement de Dan, de Mano et de Bassa. Au départ, il fallait renverser Gbagbo l'ennemi commun. Tout le monde est d'accord. Mais, la suite des événements et le long processus de réconciliation nationale a commencé à diviser tout le monde."

Les sbires
N’Guessan N’Dri, alias Félix DOH

Chef militaire officiel du MPIGO.
«J'étais en exil à Cuba le 19 septembre, je suis rentré une semaine plus tard », raconte celui qui va prendre le nom de Félix Doh, un patronyme mieux approprié pour« s'intégrer» à ses troupes. Il déclare tout d'abord qu'il "se bat contre (le président) Laurent Gbagbo parce qu'il a assassiné Robert Gueï. Je me bats pour venger le général". Mais reconnaîtra plus tard "j'ai fui, comme beaucoup d'autres, après le "complot du cheval blanc"(une tentative d'assassinat du général Gueï).Il signera les accords de paix de Marcoussis sous son faux nom avant de mourir dans un règlement de comptes au sein de la rébellion ivoirienne(7).

Sa mort sera saluée comme il se doit sur le site web du MPCI : "HOMMAGES A FELIX DOH - C.O. MPIGO. Ce grand Combattant pour les libertés individuelles et collectives, pour l'intauration d'un état de droit basé sur des principes démocratiques solides rentrera dans l'histoire de la C.I. Felix Doh, le combat que tu as commencé avec tant de détermination sera poursuivi jusqu'au bout. Tous les sympathisants des forces nouvelles présentent leurs condoléances les plus attristées a la famille sociale et militaire de N'Guessan N'Dri alia Doh Félix."



Les chefs rebelles Gaspard Deli (MJP), Guillaume Soro Kigbafori (MPCI), Felix Doh (MPGIO) au centre Kléber à Paris


Sam Bockarie, alias Mosquito
Chef de "1000 combattants mercenaires" pour le MJP/MPIGO dans l'ouest ivoirien.
"Né en 1963 dans l'est de la Sierra Leone, Bockarie rejoint le RUF en 1991 et deviendra le chef des opérations militaires de la rébellion. Il s'illustre en janvier 1999 lorsqu'il lance l'opération « No living thing » (« Plus rien de vivant ») contre Freetown, officiellement pour libérer son mentor Sankoy, arrêté en 1997. Bilan approximatif de l'attaque : 6 000 morts. « Mosquito » trouve refuge en décembre 1999 au Liberia dirigé par Taylor, son autre mentor. En février 2001, ce dernier annonce le départ de son encombrant allié du territoire libérien.(...)

Il a fini comme criminel recherché par le Tribunal spécial chargé de juger les auteurs des atrocités de la guerre civile qui a déchiré la Sierra Leone de 1991 à 2001. La mort de Sam « Mosquito » Bockarie a été annoncée le 6 mai par Reginald Goodridge, le ministre libérien de l'Information. Le corps criblé de balles présenté aux journalistes dans une morgue de Monrovia n'a pas été formellement authentifié (...)

Selon la version officielle libérienne, « Sam Bockarie et un petit groupe de gardes du corps [avaient] été repérés à l'aube mardi [6 mai] alors qu'ils pénétraient au Liberia, en provenance de la ville frontalière de Bin-Houyé, en Côte d'Ivoire. [...] Les forces gouvernementales libériennes ont tenté de l'arrêter et se sont heurtées à une forte résistance. [...] Sam Bockarie a été grièvement blessé dans les échanges de tirs. »" Jeune Afrique-L'Intelligent 11 mai 2003

Dely Gaspard
Chef officiel du MJP
Son unique coup médiatique est restée célébre : "D'après l'agence de presse Reuters, la seule revendication de ce nouveau mouvement rebelle est que le président Laurent Gbagbo ressuscite le général Gueï, ancien putschiste originaire de la région de Danane tué à Abidjan lors de la tentative de coup d'Etat du 19 septembre. Si Gbagbo n'accède pas à cette revendication, il subira le même sort que Gueï, aurait affirmé par téléphone satellitaire à Reuters Deli Gaspard, le chef de ces rebelles. "LEMONDE.FR | 28.11.02. A l'heure actuelle, Dely Gaspard est bien vivant, de même que Laurent Gbagbo,tandis que Robert Guei est toujours aussi mort.

Il semble conscient que la population ivoirienne n'a pas vraiment apprecié la "guerre civile" qu'il a déclenché :
"Croyez-vous à la réconciliation nationale ?
J' y crois fortement. C'est pourquoi je demande aux Ivoiriens de nous pardonner. Nous avons fauté. Notre intention était de renverser le régime. Malheureusement, cela a entraîné une guerre civile où beaucoup d'innocents sont morts. Nous n'avons pas prévu cela dans notre plan. Je m'engage pour présenter mes excuses au peuple ivoirien. Jamais, je ne recommencerai de tels actes.. Au nom du Seigneur, j'invite mes frères et sœurs à ne pas nous rejeter.
Pour vous, qu'est-ce qui n'a pas marché ?
Nous avons tout calculé, sauf la mobilisation du peuple. Il nous a gêné énormément dans notre mouvement"

Roger Banchi
Chef politique officiel du MPIGO
"Roger Banchi nous avait été présenté par nos amis du MPCI. Nous avions besoin de quelqu'un rapidement pour renforcer notre délégation pour aller discuter à Marcoussis. Il n'était pas question à l'époque d'envoyer des chefs de guerre loin du front, puisque nous étions sur le pied de guerre. Parmi plusieurs volontaires et sympathisants de notre cause, nous l'avons choisi pour aller discuter pour nous. D'abord il était déjà installé à Paris, ensuite il était assez connu dans quelques milieux du showbiz et des affaires et puis c'est le beau-frère d'un chef d'Etat très connu dans la sous-région. Pour tout cela, on l'a pris avec nous. Ensuite, nous avons décidé qu'il nous représente au Gouvernement. Il ne nous représente plus." Sergent Coulibaly Abou Faman, MPIGO, Le Patriote - 9/27/2003

Capitaine Eddy Medy (COMJP Bangolo)
"- Comment expliquez-vous les tueries de Bangolo ?
C'est simple. Ici, nous avons eu une forte résistance de la population. Des cadres ont armé les jeunes dans les villages. Après la fuite des soldats de Gbagbo, ces jeunes ont pris la relève. Dans ces conditions, il nous fallait nous battre pour conquérir la ville.
- De quels types d'armes disposaient ces jeunes ?
Pour la plupart, ils avaient des fusils de chasse et des flèches.
- Comparativement à votre arsenal, la résistance ne devait pas durer.
C'est vrai. Mais les attaques n'étaient pas continues. Ils faisaient la guérilla. Vous savez qu'ils ont attaqué un quartier de Bangolo une nuit et ils ont fait au moins deux cents morts. Cette attaque a eu lieu au moment où nous étions sur le front nord vers Duékoué.
- Les villageois ont tout de même parlé de viol, des massacres et autres actes criminels ?
Comme les chefs l'ont dit, il peut avoir des débordements à certains endroits. Cependant, je crois que cela est dû à la résistance qui nous a été faite. (...)

Le journal ivoirien Fraternité Matin a néanmoins fustigé la "passivité des soldats hexagonaux face aux massacres, qui se perpètrent souvent à un kilomètre de leurs positions" Fraternité Matin - 4/3/2003), puis quelques jours plus tard "plusieurs mois de silence face à la lente dégradation de la situation militaire et humanitaire dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, envahi depuis au moins le mois de décembre par les mercenaires libériens et sierra-léonais proches de Charles Taylor – et qui constituent l’essentiel des hommes du MPIGO et du MJP (...)

l’armée française, qui depuis le 19 septembre semble considérer normale la présence de combattants étrangers sur les fronts de guerre, a mis la main sur des Libériens, “appartenant aux Forces Lima”, qu’elle considère comme des supplétifs des FANCI. Les deux événements créent un amalgame au sein de l’opinion “lointaine” : les Libériens qui sèment la mort dans l’Ouest depuis plusieurs mois apparaissent comme proches des autorités ivoiriennes. Tout du moins, les responsabilités sont diluées."

Avant de conclure "La ligne tracée, on peut s’attendre à voir la presse française sortir de son mutisme sur les atrocités de l’Ouest pour adopter cette grille de lecture qui sent l’imposture et le cynisme." Fraternité Matin - 10/3/2003 (lire l'article complet)

Le lendemain, Libération évoquait "l'anarchie sanglante qui règne à l'ouest de la Côte-d'Ivoire. Depuis l'apparition dans cette zone de deux mouvements rebelles, fin novembre, les civils vivent un drame à huis clos. L'armée française, qui surveille le cessez-le-feu dans le Nord, est restée prudemment à l'écart de ce champ de bataille."

Le silence des médias
Quand les journaux ivoiriens Soir info, L'inter, Fraternité Matin ou Le Nouveau Réveil annonçaient quotidiennement l'assassinat de dizaines de personnes dans tel ou tel village, ces informations n'étaient ni reprises ni contestées par la presse française. Les envoyés spéciaux sillonnaient la région de Duékoué à Man mais ils n'ont décrit ni l'invasion de l'armée libérienne ni le massacre des Wé.

Ainsi en décembre quand, pour une fois, un journaliste de l'A.F.P. consent à écouter un réfugié guéré qui arrive au poste français, son témoignage est traité de façon à être perçu comme une tentative de manipulation : "Il sort ensuite de sa poche une liste des exactions commises selon lui dans les différents villages alentours, qu'il a minutieusement recensées, et commence, pour les soldats français, son énumération : "Tant de civils ont été tués à tel endroit, tant ont été abattus à tel autre". Pendant ce temps, des centaines de rescapés dépassent le journaliste sceptique.

L'assassinat du comédien Camara H. à Abidjan aura généré des dizaines de "papiers" mais le massacre et l'expulsion d'un peuple de la forêt, aucun.

Un avenir radieux
Progressivement supplanté sur ses terres ancestrales dévastées puis massacré par des mercenaires sanguinaires dans l'indifférence des médias et des organisations humanitaires, le peuple Wé risque de basculer petit à petit dans le modèle monstrueux de ses bourreaux victorieux ou dans le refus du monde.
Ou bien ?

Serge LAURENT, le 16/10/2003, mise à jour juillet 2004

(1) -" Or, les rebelles ivoiriens, formés par des cadres français, paraissent aguerris. Et ils ont le soutien de mercenaires du Liberia et de Sierra Leone, rompus à tous les trafics et à tous les combats." 28-09-2002 LE PARISIEN
- "Le nombre total des troupes du MPCI dans les premières semaines de la mutinerie est estimé à environ huit cents au maximum et un recrutement de forces supplémentaires a eu lieu, en particulier au Mali et au Burkina Faso. Au moins cinq cents Maliens sont arrivés en septembre 2002, attirés par la promesse de toucher 10 000 CFA (environ US$17) par jour.18 Cependant, beaucoup sont repartis début 2003 après le tarissement des ressources financières. Le MPCI a également recruté des centaines de « dozos », des chasseurs traditionnels avec des fusils de chasse familiaux que l’on rencontre fréquemment en milieu rural en Côte d'Ivoire, au Mali et dans le Sud du Burkina Faso. Une partie au moins des dozos recrutés par le MPCI étaient des immigrés burkinabé et maliens résidant depuis longtemps en Côte d'Ivoire." Human Right Watch : Prise entre deux guerres : Violence contre les civils dans l’Ouest de la Côte d'Ivoire, Aout 2003
- "A peine met-il le nez dehors, qu`il est stoppé net par un tir puissant de RPG-7. Cette arme impressionnante, l`Armée ivoirienne n`en disposait pas. Elle n`avait alors que des LRAC. (...) Mais à mi-chemin, une arme terrible, inconnue également des gendarmes et des Fanci se met à tonner. C`est une DCA, une mitrailleuse lourde de 14,7 mm, montée sur un pick up KIA qui tire des balles grosses comme des burins." Agban - Le film de l`attaque, Le Patriote - 9/29/2003

(2) -"Un règlement de comptes déguisé-Selon nos sources, la prétendue mutinerie cache une guerre au sein du gouvernement.Libération, 23/09/2002
- " Des militaires, recrutés lors du coup d’Etat de Robert Gueï du 24 décembre 1999 et sur le point d’être démobilisés, se sont mutinés." Courrier International, mardi 24 décembre 2002

- A Bouaké, les mutins ivoiriens veulent "aller jusqu'au bout", LE MONDE | 27.09.02

(3) "Le ministre délégué à la défense a également demandé avec force aux soldats d’arrêter de “ reculer ”, voire de “ décrocher ” ainsi que l’ont fait des soldats “ mécontents ” qui ont abandonné leur position à Duékoué pour rentrer sur Abidjan via Yamoussoukro, parce qu’ils n’auraient pas apprécié que le général Bombet, commandant des forces terrestres, leur remonte les bretelles. Sur cette affaire, le ministre, qui s’est dit “ écoeuré ” par cet acte d’irresponsabilité, a confié qu’un rapport a été demandé au chef d’Etat-major Mathias Doué, à la suite de quoi des mesures disciplinaires seront prises. Le ministre a aussi “ salué ” le détachement des forces françaises qui a “ permis de sauver la situation ” en empêchant les rebelles de prendre la ville de Duékoué." Fraternité Matin 02/01/2003

(4) "la Côte d'Ivoire a demandé officiellement à la France l'activation des Accords de Défense qui lient les deux pays, en cas d’agression extérieure de l’un des deux pays. “ La participation des forces régulières libériennes aux côtés des rebelles est une certitude ”, avait déclaré jeudi le Porte-parole de l'état-major des Forces Armées Nationales de Côte d’Ivoire (FANCI), le Lieutenant colonel Jules Yao Yao Ahoussou, commentant la situation sur le front ouest, singulièrement à Toulépleu. “ J'ai souhaité qu'on demande à la France l'activation des Accords de Défense parce que nous sommes attaqués par des éléments libériens et depuis hier nos hommes étaient encerclés à Toulépleu. (...) “ Nous n’avons aucun commentaire à faire ”, a déclaré le Porte-parole du Quai d’Orsay, M. François Rivasseau, devant cette demande officielle faite."(L'Inter -- Samedi le 25 Janvier, 2003)

(5) "Le Conseil de sécurité a autorisé à l'unanimité les forces françaises et celles de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest à «assurer, sans préjudice des responsabilités du gouvernement de réconciliation nationale, la protection des civils immédiatement menacés de violences physiques à l'intérieur de leurs zones d'opérations et en fonction de leurs moyens». Ce mandat, valable pour six mois renouvelables et qui autorise le recours à la force, s'apparente à celui donné aux troupes de l'ONU en Sierra Leone ou au Timor-Oriental et diffère donc des cas bosniaques et rwandais. Cette décision revient, de fait, à retirer le maintien de l'ordre en Côte-d'Ivoire au pouvoir légal." (Libération jeudi 06 février 2003)

(6) The compositions of MPIGO and MJP remain unclear. Several sources state that the former is largely comprised of Gueï loyalists and Liberians as well as Sierra Leonean fighters. Most observers present in the area at the time and shortly thereafter claim that the MJP, the smaller of the two, is a satellite of the northern-based MPCI, but does indeed include Liberian and Sierra Leonean fighters.MPCI commanders and materiel were identified by eyewitnesses in Man in early December. Travellers in the region held by the MJP note that MPCI and MJP laisser-passer are interchangeable but both often pose problems at MPIGO checkpoints on the road to Danané. In any case, it is clear that both movements have many fighters, as well as mercenaries of various West African origins.

(7) - Soir Info - 4/30/2003 "Le principal chef militaire du MPIGO, qui était l'objet d'une suspicion au MPCI qui l'a engendré, "est mort des suites d'un règlement de comptes", a déclaré un membre du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire ( MPCI), se confiant à l' Agence France de Presse. Après avoir balayé du revers de la main les déclarations contenues dans le communiqué laconique du MPCI annonçant l'exécution de Doh Félix par Sam Bockarie à Gbinta, au Liberia, cet autre responsable du MPCI de Korhogo a affirmé depuis son téléphone satellitaire: " La mort de Doh Félix est un règlement de comptes, il a été tué froidement par des rebelles et sur ordre." "J'ai quitté dimanche Bouaké, où il y avait toujours des tensions entre les troupes. Dans un premier temps, Félix Doh a été arrêté, interné à Bouaké, et ensuite abattu entre Séguela et Man" a précisé la même source militaire rebelle. "

- LE MONDE | 05.05.03 "A une dizaine de kilomètres de Danané, non loin de la frontière avec le Liberia, la Mazda blanche d'immatriculation libérienne 4513-PC du chef du Mpigo, Félix Doh, est couchée sur le flanc, les vitres brisées. Plus loin, gisent deux corps en décomposition. Chérif Ousmane est formel. Il s'agit de ceux de Félix Doh et de l'un de ses proches. Chérif Ousmane, qui contrôle désormais la zone, se dit "affligé par la disparition du regretté Félix Doh, mort au combat alors qu'il tentait de repousser les hommes de Sam Bockarie hors de Côte d'Ivoire". Seul détail troublant : lorsque le secrétaire général du MPCI, devenu ministre ivoirien de la communication, Guillaume Soro, a annoncé la mort de Félix Doh, la qualifiant de "nouvelle tragique", lundi 28 avril, cette même voiture était en parfait état, garée devant la mairie de Danané. Dans les échoppes situées en face de la mairie, des marchandes de fruits rapportent que les militaires de Chérif Ousmane l'ont déplacée dans la nuit du 29 au 30 avril. Ce qui laisse penser à une mise en scène et à un règlement de comptes au sein même de la rébellion ivoirienne."

- Libération : lundi 12 mai 2003 "Quant aux circonstances de la mort de Félix Doh, le chef militaire du Mpigo, tombé au plus fort des combats, elles restent obscures. Selon le MPCI, il a été victime de ses ex-alliés libériens et sierra-léonais, qui constituaient l'essentiel de sa garde rapprochée. A moins qu'il n'ait lutté lui-même contre le MPCI, comme le suggère un habitant" de Danané.

- Fraternité Matin - 5/23/2003 "Véritable arsenal de guerre que le stock d’armes découvert le week-end dernier, à l’issue de la perquisition faite par les éléments du PC du MPCI, à la résidence bouakéenne quartier Air France I du chef du MPIGO, le sergent Félix Doh. L’opération menée entre 18 heures et 22 heures par ses ex-collègues a permis la découverte d’une importante quantité d’armes estimée à trois chargements de véhicule Peugeot bâché. Des armes qui, à en croire le caporal B. Adama, l’un des chefs de l’opération, composées de fusils mitraillette, de kalachnikov, de grenade, de lance-roquettes et de munitions appartiendraient au patron du Mouvement Patriotique Ivoirien du Grand Ouest (MPIGO). “ Il n’y a aucun doute, ces armes étaient destinées aux forces loyalistes qui, selon des renseignements, devraient être informés de l’endroit où elles se trouvent au moment d’une attaque de la ville de Bouaké ”, précise ce dernier. Une information soutenue par plusieurs soldats qui vont plus loin. “ Ce stock d’armes a été constitué par Félix Doh. A chaque voyage qu’il effectuait à Bouaké pour les réunions des trois mouvements, il venait avec beaucoup d’armes ”, témoigne un ex-combattant du MPIGO. Interrogés sur la découverte, certains responsables du MPCI ont préféré garder le silence tout en estimant que la rébellion ivoirienne avec la mort de Félix Doh a perdu l’un de ses valeureux combattants de la liberté. Alors question. L’arsenal de guerre découvert appartiendrait-il réellement au chef du MPIGO accusé par plusieurs “ guerriers ” de Bouaké d’être un trafiquant d’armes ? ou alors, ses camarades d’hier tentent-ils de le diaboliser après sa mort dans des circonstances encore floues? En tout cas, si cela était avéré, cette découverte d’armes renforcerait la thèse avancée dans les milieux rebelles selon laquelle l’homme roulait pour les FANCI au détriment des trois mouvements de la rébellion, (le MPCI, le MPIGO et le MJP) dont, incontestablement, il fut l’un des chefs de guerre les plus charismatiques"